Quand la gauche désespère Billancourt

Ivan du Roy  • 28 avril 2011 abonné·es

Certes, l’élection est dans un an. Certes, aucune primaire à gauche n’a encore eu lieu. Le FN est le seul parti qui a clairement choisi sa candidate. Certes, les sondages, à la méthodologie parfois approximative, indiquent davantage des énervements ou la provocation du moment que des définitives intentions de vote… Il n’empêche. L’atonie de la gauche inquiète. Pourtant, le contexte lui a peut-être rarement été aussi favorable. La crise financière a mis en lumière, même pour les plus rétifs à toute notion d’économie, la cynique et destructrice mécanique du capitalisme financier. Le travail n’a jamais autant perdu son sens et sa reconnaissance. Il suffit d’un clic au bon moment sur un produit financier pour empocher des millions quand trimer 39 heures payées 35 rapporte entre un et deux Smic. Les protections sociales n’ont jamais été aussi fragilisées depuis un demi-siècle. La crise du logement précarise les classes populaires et moyennes. Les logiques d’ouverture à la concurrence sont à bout de souffle. L’Europe sociale et fiscale est en panne malgré un traité passé en force. Pour autant, les aspirations écologiques à vivre autrement se sont largement diffusées. Et une mobilisation a récemment rassemblé – l’a-t-on déjà oublié ? – près de 3 millions de personnes. Et pourtant.

La crainte de l’élimination de la gauche dès le premier tour est à peine apaisée par la rassurante mais démotivante perspective d’un vote utile. L’incertitude sur ce que fera – ou ne fera pas – la principale force d’alternance, une fois au pouvoir, est grande. Sur sa gauche, les forces alternatives semblent avoir bien des difficultés à peser dans le débat social, demeurant dans la confortable, mais inefficace, posture de critique du social-libéralisme. Le fait que deux appels à discuter sur le fond émanent de « think tanks » de la gauche
– la Fondation Terra Nova, proche du PS, et la Fondation Copernic, qui englobe les différents courants de la gauche anticapitaliste – en dit long sur l’apparent vide de contenu. Quoi qu’on pense de ces appels, ils sont l’expression d’un profond malaise qu’il devient urgent de dissiper.

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