Amnesty International : « Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité »

Au terme d’une année particulièrement mouvementée à travers le monde, l’organisation internationale fait le point sur ses préoccupations et souligne l’apport inédit de WikiLeaks et d’Internet dans le combat des défenseurs de droits.

Milhan Guy  • 13 mai 2011
Partager :
Amnesty International : « Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité »
© Photo : AFP / Yuri Cortez

Amnesty international publiait ce vendredi 13 mai son rapport annuel sur les droits humains à travers le monde. Une année exceptionnelle pour l’organisation qui salue l’activité des mouvements citoyens mais reste préoccupée par les répressions dont sont victimes les militants des droits.

Plus que jamais, le rôle crucial d’Internet dans les combats pour les droits humains est souligné par Amnesty. « L’information est source de pouvoir : pour ceux et celles qui contestent les abus de pouvoir commis par les Etats et les autres institutions, nous vivons une époque exaltante » , s’enthousiasme Salil Shetty, le Secrétaire général de l’organisation. Facebook et Twitter sont à l’honneur pour leur rôle dans les révolutions arabes, mais surtout WikiLeaks qui a ouvert un espace inédit pour la circulation d’informations indépendantes : 100 000 documents concernant la guerre en Afghanistan ont été rendus public en juillet, 400 000 autres sur la guerre en Irak en octobre, dans l’ombre des 220 dépêches confidentielles de la diplomatie américaine, qui ont provoqué une « onde de choc » à travers le monde, d’après Amnesty.

La révélation de documents concernant la Tunisie[^2] est présenté comme un élément déterminant dans le déclenchement de la « Révolution de jasmin ».

  • Vidéo : Amnesty dresse un bilan de l’année 2011 : « Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité, beaucoup de gens dans le monde veulent que les choses changent. »

Le cas français

En France, Amnesty pointe le projet de loi sur l’immigration et l’asile comme une menace pour ce droit fondamental et critique le texte installant un Défenseur des droits. L’organisation s’inquiète des mauvais traitements « qui auraient été infligés par les agents de la force publique » , d’après des observations constatées par le Comité contre la torture de l’Onu le 14 mai 2010. Amnesty rappelle que les décès en détention restent nombreux, tandis que les enquêtes « semblent manquer d’indépendance et d’impartialité » . Le traitement réservé aux Roms et aux gens du voyage est aussi brocardé, de concert là aussi avec l’ONU et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.

[^2]: « Certains de ces documents montraient notamment de façon très claire qu’un certain nombre de gouvernements de la planète étaient au courant de la répression politique et de l’absence de perspectives économiques dont souffrait une grande partie de la population, mais s’étaient bien gardés d’intervenir pour que les choses changent, estime Salil Shetty, Secrétaire général d’Amnesty en prologue du rapport. L’une des dépêches rendues publiques a par exemple permis de constater que le représentant du Canada et les ambassadeurs des États-Unis et du Royaume-Uni en poste à l’époque à Tunis reconnaissaient tous les trois que les forces de sécurité tunisiennes torturaient les détenus. »

Lire aussi sur Politis.fr

Les droits humains bafoués par les Etats

Un « Pacte citoyen» pour des alternatives aux régressions des droits et des libertés.

La crise, broyeuse d’hommes

Ailleurs sur le web:

Rapport annuel d’Amnesty International 2011 – tour d’horizon du 1er janvier au 4 mai 2011

Synthèse du rapport annuel 2011

Monde
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier