Au jazz, citoyens !

Le festival Europajazz associe exigence musicale et démocratisation artistique. Son directeur explique les raisons d’un succès populaire.

Denis Constant-Martin  • 5 mai 2011 abonné·es

Depuis trente-deux ans, le festival Europajazz, qui se déroule au Mans et dans ses alentours, associe exigence musicale et grande popularité. Cette année, après un après-midi de concerts gratuits sur la place de la République du Mans, le 7 mai, les soirées finales de l’abbaye de l’Épau, les 12 et 14 mai, permettront d’entendre des musiciens français et américains particulièrement innovants. Le directeur d’Europajazz, Armand Meignan, revient sur les raisons de ce succès.


Politis : Qu’est-ce qui fait la particularité d’Europajazz ?

Armand Meignan : Il y a le final à l’abbaye de l’Épau, mais 70 % de notre activité se passe avant. Sur deux mois, nous faisons des concerts dans de nombreux endroits. Pour moi, cela relève d’une démarche citoyenne. Pour que les gens découvrent le jazz, il faut le leur proposer chez eux : dans les lycées, les collèges, les maisons d’arrêt, les hôpitaux, les maisons de retraite ; au total, 115 concerts dans la saison.

Comment la programmation est-elle conçue ?

Lors du final à l’abbaye de l’Épau, il y a beaucoup de jazz européen, de créations : de la musique innovante. Mais nous programmons aussi des formes de jazz plus classiques pour répondre aux demandes de nos partenaires. Toutefois, nous essayons toujours de faire découvrir de jeunes artistes originaux.

Comment le festival est-il financé ?

Nous bénéficions de financements des quatre partenaires publics : la Ville, le Département, la Région et l’État par l’intermédiaire de la Drac ; cela nous assure une grande liberté de programmation, mais les conséquences de la réforme territoriale risquent d’être catastrophiques. À cela s’ajoutent d’autres soutiens, de la Sacem, de la société civile et de « petits » mécènes.

Comment voit-on la situation du jazz en France depuis Europajazz ?

Je ne suis pas pessimiste : il n’y a jamais eu autant de festivals, autant de lieux pour faire du jazz, partout en France ; et il n’y a jamais eu autant de musiciens intéressants qui ont des projets novateurs, notamment dans les nouvelles générations. Il est très rassurant de voir que le public vient aux concerts que nous organisons en milieu rural ; ce ne sont pas nécessairement des amateurs de jazz mais, si on ne leur dit pas : « Attention c’est une musique difficile » , ils viennent écouter ce qu’on leur propose, et ils apprécient.

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