Comprendre la carte illimitée
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Que faire?
Une carte illimitée n’est intéressante que si l’on va au cinéma en moyenne une fois par semaine. Que ce soit le Pass Europalaces (Gaumont-Pathé) ou UGC illimité (avec MK2 et partenaires), le système coûte 19,80 euros par mois. On « n’amortit » qu’à partir de 3 séances par mois. Au-delà de 4, la marge de l’émetteur des cartes diminue. Au-delà de 5 ou 6, l’émetteur en est de sa poche (mais il se rattrape sur les confiseries). En deçà de 3 séances, c’est le spectateur qui se fait avoir. À part pour les offres « à deux », l’intérêt reste individuel. Pour les groupes ou occasionnels, préférer les cartes d’abonnement de 5 ou 10 places. Enfin, examiner les cinémas fréquentés. UGC et Europalaces ayant été contraints d’ouvrir leurs cartes aux indépendants en 2002 et ceux-ci forcés d’entrer dans la danse (sous peine de perdre 20 % de leurs spectateurs et de se marginaliser), chacun des deux concurrents a désormais son « pool » d’indépendants. Quelques-uns résistent encore.
Pourquoi?
On peut trouver bête de se passer d’une offre « à volonté », d’autant que les cartes illimitées ont dopé la fréquentation, salles indépendantes comprises (32,5 % des abonnés en fréquentent, plus de 50 % chez les Parisiens). Elles permettraient d’améliorer la performance de « films au potentiel commercial modeste » et d’élargir l’éventail de films pour 90 % des spectateurs. Mais dire : « l’offre illimitée profite aussi aux indépendants » est à la fois vrai et faux. Elle leur permet de ne pas perdre des spectateurs et d’en gagner des plus jeunes, mais elle consacre leur dépendance vis-à-vis des émetteurs. À Paris, le mécanisme fait que la part des exploitants indépendants est moindre que celle du distributeur, alors que la loi stipule qu’elle doit être au moins égale. Le système a aussi pour effet pervers de favoriser la rotation rapide des films. Enfin, il est transparent depuis peu : quelle répartition des recettes et quel retour pour les ayants droit ? Les exploitants indépendants réclament une meilleure régulation pour éviter le « goulet d’étranglement » . Résilier sa carte est un acte symbolique fort mais avec peu d’effet direct sur l’économie du secteur. Ne l’utiliser que dans les salles indépendantes sert l’exploitant mais dessert les ayants droit, qui touchent un pourcentage par entrée, or le prix de référence est plus élevé dans les salles des émetteurs. Autre revendication : ce prix de référence (5,03 euros) n’a jamais augmenté quand les abonnements ont gagné 30 % depuis leur création en 2000.
Comment ?
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Répartition des recettes par ticket d’entrée : 17 % de taxes (TVA, TSA : taxe spéciale additionnelle qui alimente le compte de soutien du cinéma, Sacem), le reste est divisé par deux entre l’exploitant et le distributeur.
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Répartition des recettes avec les cartes : même principe mais avec un prix de référence par place de 5,03 euros chez les émetteurs (entre 4,50 et 4,90 chez les indépendants) et une TSA prélevée en amont, ce qui aboutit à réduire la part de l’exploitant.
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Informations complémentaires : CNC ; Société civile des auteurs réalisateurs et producteurs (ARP) ; Association des cinémas parisiens indépendants ; Acid.