культ личности

On est lundi, les ami(e)s, et ça fait maintenant six jours, depuis mercredi, que Bernard-Henri Lévy se fait laver le cul par la presse américaine [^2], à si grande eau que même (oui, même) les journaleux françousques [^3] sont finalement contraints de rapporter que Bernie-les-chemises est littéralement « étrillé »  [^4] par leurs homologues de chez Yankee, où l’on manque d’assez durs mots pour fustiger la plaidoirie comploto-DSKiste du, je cite, « Donald Trump de la bouffonnerie carriériste » .

À côté de ça : BHL a sur le Net un ahurissant site, exclusivement dédié à son культ личности – au culte halluciné de sa personnalité, et dont l’un des principaux traits fut, jusqu’à tout récemment (jusqu’à ce même mercredi, en fait), que sitôt que Maître Bernard intervenait dans un média d’outre-Atlantique, si improbable soit-il, sa taulière s’empressait de mettre en ligne « la vidéo » , non sans se gargariser de l’à-peine croyable popularité américaine de Maître Bernard, les gens là-bas l’aiment, mâme Dupont, et vous ne trouverez guère d’école maternelle, entre Billings et El Paso, où les petits nenfants ne psalmodient pas aux récrés du matin (puis tout aussi bien dans celles du soir) l’adoré nom de Maître Bernard.

Mais là, pour le coup : rien. Pas la moindre ligne, pas le moindre mot, pour signaler que le gars se fait carrément latter par le New York Times et le Washington Post  : les lecteurs du site où se chante le jour et la nuit Sa Très Infinie Gloire n’en sauront strictement rien, s’ils n’ont pas la curiosité (malsaine) de se chercher d’autres lieux & sources d’information.

Car en effet – les stalinien(ne)s d’antan, qui pratiquèrent le truc sur une assez vaste échelle, l’avaient fort bien compris : le plus important, pour bien réussir son культ личности, est de veiller surtout, et à tout instant, à supprimer de la photo tout ce qui risquerait d’aller contre la vérité officielle.
Allez, les petits nenfants, reprenez after me : Bernard-Henriii est un géniiie…

[^2]: Comme l’a relevé oumma.com dès le 18 mai. Rappelons que BHL, parti en vrille dans une tétanisante divagation, s’est notamment étonné de ce qu’une femme de ménage du Sofitel de New York ait pu entrer seule dans la suite de DSK, « contrairement aux usages qui, dans la plupart des grands hôtels new-yorkais, prévoient des “brigades de ménage” composées de deux personnes, dans la chambre d’un des personnages les plus surveillés de la planète »…

[^3]: Qui, depuis tant d’années qu’on ne les compte plus, savent pertinemment que BHL est un rigolo (façon de parler), mais qui, depuis tant d’années qu’on ne les compte plus, continuent, nonobstant, de le traiter comme s’il était le Père De Toute Pensée.

[^4]: Lemonde.fr, 20 mai.