Les villes se mettent au vert

À partir d’aujourd’hui et jusqu’au 22 mai, la 5e édition de la Fête de la nature propose 5000 sorties sur le terrain en compagnie de guides bénévoles et de scientifiques. Une occasion de (re)découvrir la faune et la flore, notamment urbaine.

Claude-Marie Vadrot  • 20 mai 2011
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Les villes se mettent au vert
© Pour en savoir plus sur les promenades organisées : [www.fetedelanature.com](http://www.fetedelanature.com/)

Sous l’influence des écologistes, les villes, parcs et jardins échappent de plus en plus souvent aux produits phytosanitaires. La flore, les insectes, les oiseaux et même les petits mammifères en profitent pour recoloniser les zones urbaines. L’un des meilleurs exemples est offert par Paris, mais les mêmes observations peuvent être faites à Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes ou Toulouse. Il y a déjà quelques années qu’une cinquantaine de couples de faucons crécerelle campent sur les bâtiments de la gare Saint-Lazare, sur les donjons du château de Vincennes, sur les tours de Notre-Dame ou sur des édifices du centre de Paris. Côté mammifères, les fouines sont de plus en plus nombreuses, avec les chauves-souris, dans les tunnels abandonnés du réseau ferré de l’ancienne petite ceinture.

Dans le bois de Vincennes, dans les rues de Saint-Mandé et poussant parfois jusqu’à la Nation et même la République, les renards ont repris discrètement possession de la ville. Comme les lapins que tous les passants fréquentant la Porte Maillot peuvent apercevoir sur la place centrale cernée par les voitures. Il est même possible de croiser les uns et les autres dans l’espace des serres d’Auteuil menacées par le projet d’extension du stade de tennis Rolland Garros.

Le renouveau se constate aussi dans la flore puisque, par exemple, il est possible de trouver des orchidées entre les pavés disjoints du bord de Seine, y compris le long de la voie automobile sur berge Georges Pompidou. Les plantes échappées des jardins et du milieu naturel tendent à recoloniser le moindre espace parce que les services municipaux, comme dans plusieurs grandes cités, ont reçu comme consigne de renoncer aux désherbants. Ce qui ne plaît pas toujours aux riverains qui veulent un ville « propre ». Ultime résistance au « sauvage » qui revient dans les zones urbanisées [^2]. L’indicateur du retour, même relatif, de la biodiversité en ville, se lit également dans l’augmentation de nombre des espèces d’insectes se réinstallant dans les rues et les parcs. En témoigne l’augmentation des ruches dans Paris et la bonne santé des abeilles qu’elles hébergent.

Illustration - Les villes se mettent au vert

Comme le fait apparaître la carte qui ne répertorie pas les apiculteurs les plus discrets, les ruches, isolées ou regroupées, sont de plus en plus abondantes dans l’espace parisien. Notamment parce que les abeilles peuvent butiner sur les arbres d’alignement de plus en plus nombreux et diversifiés, sur ceux des parcs et sur les fleurs des jardins publics ou privés. Elles profitent aussi, comme dans de nombreuses communes de banlieue, d’interdictions de plus en plus fréquentes de l’utilisation des pesticides et de l’amélioration culturale engagées dans les parcs et jardins, édictées par les conseils municipaux.

Il existe actuellement un peu plus de 300 ruches intra-muros, y compris celles qui ont été mises en place dans les bois de Boulogne et de Vincennes mais aussi tout récemment au Louvre. Explications complémentaires à cette sympathique prolifération des abeilles dans Paris : des températures de plus en plus clémentes, la multiplication des espaces verts (même minuscules), la progression du nombre de jardins partagés, l’augmentation des cultures de fleurs sur les balcons, appuis de fenêtres et terrasses et surtout la diversification des plantes cultivées qui offrent des fleurs du début du printemps à l’automne. Une aubaine pour les abeilles qui n’hésitent pas, dans Paris, à voler à trois kilomètres de leurs ruches pour butiner : ce qui leur permet de rendre visite à une moyenne de 700 fleurs par jour. Les villes semblent être le « dernier » des refuges des abeilles très menacées puisqu’à New York, où l’on interdisait encore les ruches il y a une dizaine d’années, on compte désormais près de 300 apiculteurs dont certains vivent de leur production…

[^2]: Comme en témoigne par exemple la passionnant livre de François Couplan, « Plantes Urbaines », publié en 2010 par les Editions Sang de la Terre

Écologie
Temps de lecture : 4 minutes
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