Un retrait déstabilisant

En refusant d’être candidat, Olivier Besancenot oblige son parti à présenter un « anonyme ».

Michel Soudais  • 12 mai 2011 abonné·es
Un retrait déstabilisant
© Photo : julien/afp

La décision d’Olivier Besancenot de ne pas être candidat pour la troisième fois à une présidentielle est un événement. Il n’est guère d’exemple de responsables politiques qui, assurés d’une certaine visibilité et d’un petit matelas de voix, refusent de se présenter à l’élection majeure de la vie politique. Au sein même du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), il ne manquait pas de dirigeants et de militants pour demander au facteur de Neuilly de les représenter à nouveau l’an prochain, après avoir été deux fois le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), en 2002 (4,25 %) et en 2007 (4,08 %).

Pour justifier son refus, officialisé dans un courrier adressé le 5 mai aux adhérents du NPA, Olivier Besancenot rappelle qu’il avait indiqué de longue date qu’il ne comptait « pas prendre un abonnement à l’élection présidentielle » et n’aspirait « pas à en être l’éternel candidat d’extrême gauche » , comme a pu l’être Arlette Laguiller, sextuple candidate à la présidentielle. Fin mars, il avait déjà abandonné le ­porte-parolat, fonction attribuée à Myriam Martin, enseignante en lycée professionnel, et à Christine Poupin, technicienne dans l’industrie chimique.

Refusant de s’étendre sur ses motivations personnelles, Olivier Besancenot, qui « ne renonce pas à [s’] impliquer, bien au contraire, dans tous [les] combats » de son parti, invoque « une décision politique assumée ». Le NPA, qui n’envisage « pas l’activité politique comme les autres partis », ne doit pas avoir de leader professionnel, estime-t-il, or « le jeune travailleur parti à l’assaut de la politique en 2002   » commençait à être perçu, malgré le maintien de son activité professionnelle à La Poste, comme « quelqu’un qui “fait de la politique tout court” » . En mettant son retrait dans la balance, il appuie fortement la ligne basiste qui, selon lui, doit être celle du NPA : l’irruption des classes populaires sur la scène politique ne peut se faire qu’en présentant des « anonymes » à toutes les échéances électorales.

Sa décision met toutefois le NPA dans l’embarras alors que l’appel à un « rassemblement anticapitaliste » lancé lors de son congrès, en février, semble faire un flop. Déjà à la recherche de signatures de maires, le NPA doit faire le point sur sa stratégie en vue de 2012, avant un vote des militants les 18 et 19 juin. Un rapprochement avec le Front de gauche étant exclu, le candidat du NPA, quel qu’il soit, n’aura pas la partie facile pour se faire connaître et populariser le programme de la formation anticapitaliste. Un handicap qui pourrait bien contribuer à modifier la donne à gauche.

Politique
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