Flottille pour Gaza : « C’est une opération périlleuse »
Un an après une première tentative, une deuxième flottille va embarquer en direction de la bande de Gaza pour apporter de l’aide humanitaire et demander la levée du blocus à Israël. Entretien avec Julien Bayou, conseiller régional EELV d’Ile de France, qui embarque dans un des deux bateaux français.
Cinq-cents militants de 22 pays vont prendre la mer dans les jours qui viennent. Ils devaient embarquer mercredi à bord de dix bateaux chargés de 5 000 tonnes de médicaments et d’aide humanitaire et d’un panel de journalistes, hommes politiques et militants, sélectionnés parmi de nombreux candidats.
Malgré les menaces d’Israël, qui a demandé lundi 27 juin à la marine de bloquer le convoi, et l’opposition de l’ONU, les bateaux quitteront Athènes pour deux jours de traversée environ. Direction la bande de Gaza, avec de l’aide humanitaire. Lors de la première flottille, en mai 2010, un commando israélien avait attaqué un ferry humanitaire turc au large de Gaza, entraînant la mort de neuf passagers.
Les explications de Julien Bayou, conseiller régional d’île de France Europe Écologie – Les Verts et militant associatif, qui s’apprête à embarquer avec les quarante autres passagers des deux bateaux français.
Quel est l’objectif de votre démarche ?
La flottille a évidemment une visée symbolique. Ce n’est pas à nous de convoyer l’aide humanitaire, les matériaux de construction ou les médicaments. Mais nous n’acceptons pas qu’Israël bloque l’aide humanitaire dont dépend une grande partie de la population. La société civile prend donc le relais de la puissance publique lorsqu’elle est en échec pour dénoncer le blocus de la bande de Gaza.
La situation des habitants à Gaza est connue et le blocus est illégal, mais la communauté internationale ne fait rien. Même les gouvernements de l’Union européenne, qui verse une subvention importante pour l’aide humanitaire, ne sont pas capables de s’opposer au blocus. Les députés européens ne sont pas autorisés à rentrer dans la bande de Gaza.
Nous avons obtenu une première victoire avec cette nouvelle opération. Israël vient d’autoriser exceptionnellement des agences onusiennes à faire rentrer des matériaux de construction.
Comment se passera la traversée ?
Une dizaine de bateaux devraient embarquer. Un canadien, un américain, un irlandais, deux norvégiens, deux allemands… dont deux cargos chargés de milliers de tonnes de matériel. La campagne a réuni plus de 100 000 euros en France pour l’achat de matériel humanitaire.
On attend beaucoup de monde à bord des bateau. Des journalistes sont présents aux côtés de plusieurs politiques. C’est un bel équipage. Comme d’ailleurs l’an passé, quand des prix Nobel avaient prit place dans les bateaux, ce qui n’avait pas empêché l’intervention d’Israël.
Avez-vous peur de la réaction d’Israël ?
Oui. J’ai un peu peur de la réaction des autorités israéliennes. J’espère qu’ils réfléchiront avant d’user de la violence de nouveau. Israël n’as pas besoin de se montrer ferme avec des gens qui viennent apporter leur aide à des populations en détresse. En 2010 le pays était intervenu contre des personnes non armées alors qu’elles étaient dans les eaux internationales. On a donc évidemment la pression. Il s’agit d’une opération périlleuse.
On est soutenus par beaucoup de monde mais on attend des précisions sur la position du gouvernement français qui nous a rappelé qu’il nous garantissait la protection consulaire dans la mesure du possible, tout en nous déconseillant fermement d’y aller. Mais je n’ai pas hésité à m’engager dans cette action.
Il y a tous les ingrédients d’une belle action citoyenne : le pacifisme, la solidarité, la dimension internationale. Je ne suis pas un militant de longue date contre le blocus de Gaza. Ma présence sur le bateau est donc aussi un symbole d’unité et de rassemblement autour de cette situation.
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