Le « plan bio », un soutien pas très ferme

Alors que les objectifs du Grenelle de l’environnement sont loin d’être atteints, les députés ont diminué les aides à la filière. Conséquence : les conversions ralentissent et les importations augmentent.

Claude-Marie Vadrot  • 2 juin 2011 abonné·es

Le plan agriculture bio lancé en 2007 annonçait la conversion de 6 % de la surface agricole française au bio pour 2012, et de 20 % en 2020. Mais, malgré le récent et spectaculaire boom du passage de nombreuses vignes à l’agriculture biologique, la surface des exploitations agricoles converties aux cultures sans pesticides et engrais de synthèse vient péniblement d’atteindre les 2,5 % [^2]. L’objectif du Grenelle de l’environnement paraît donc pour l’instant hors d’atteinte. Le retard déjà pris n’a pas dissuadé la majorité parlementaire de faire passer le crédit d’impôt accordé aux agriculteurs bios de 4 000 à 2 000 euros. La Loi de finances a raboté cette aide, qui ne représente que 17 millions d’euros du budget 2011. Dans le même élan, le gouvernement et sa majorité ont pourtant inscrit dans le budget une aide de 196 millions à la filière des agrocarburants. Chiffre qu’il faut aussi comparer à l’aide globale de la France à l’agriculture biologique : 50 millions au maximum pour son maintien et 34 millions pour l’aide à la conversion.

La France abandonne sans le dire un soutien ferme à l’agriculture biologique en la faisant financer par l’Europe et en laissant les agriculteurs les plus fragiles se débrouiller. En effet, le fait que l’aide fiscale réduite soit « éventuellement » cumulable avec des aides européennes (seulement à hauteur de 4 000 euros) ne favorise guère les agriculteurs bios : ces subventions sont à la fois aléatoires et compliquées à obtenir.

Deux conséquences : le ralentissement des conversions et des installations de nouveaux agriculteurs, mais aussi le maintien, sinon l’accroissement, des importations dans ce secteur. Un aspect qui devrait être ­bruyamment abordé le 8 juin à Paris lors des Rencontres nationales de la bio au ministère de l’Agriculture, en présence du ministre.

[^2]: Voir Politis n° 1154.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre
François Sarano : « Il y a une vraie lueur d’espoir pour les océans si on s’en donne les moyens »
Entretien 9 juin 2025 abonné·es

François Sarano : « Il y a une vraie lueur d’espoir pour les océans si on s’en donne les moyens »

L’océanographe et plongeur professionnel ne se lasse pas de raconter les écosystèmes marins qu’il a côtoyés dans les années 1980 et qu’il a vu se dégrader au fil des années. Il plaide pour une reconnaissance des droits des espèces invisibles qui façonnent l’équilibre du monde, alors que s’ouvre ce 9 juin à Nice la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc).
Par Vanina Delmas
Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche
Infographie 9 juin 2025 abonné·es

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche

Alors que les ressources marines françaises s’épuisent, la pêche industrielle poursuit son activité à un rythme soutenu. Sous la surface, les fonds marins français sont méthodiquement ravagés par des techniques de pêche industrielles lourdes et peu sélectives.
Par Maxime Sirvins
Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles
Reportage 9 juin 2025 abonné·es

Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles

Biodiversité, tourisme, pêche, conchyliculture… la zone maritime au large de Granville et de Chausey concentre à elle seule beaucoup des problématiques qui seront à l’ordre du jour de la Conférence des Nations unies  sur l’océan (Unoc) qui s’ouvre à Nice ce 9 juin.
Par Guy Pichard