Somaliland, l’exception africaine
Pays en paix et démocratie bien avancée, ce territoire de la corne de l’Afrique célèbre vingt ans d’une indépendance toujours ignorée par la communauté internationale.
dans l’hebdo N° 1158 Acheter ce numéro

Adoptée en 2001 par référendum, la deuxième constitution du Somaliland garantit une entière liberté d’expression. Le matin, dans les rues lumineuses de la capitale, Hargeisa, la lecture des quotidiens est devenue un vrai rituel. Tirant à 12 000 exemplaires, Jamhuuriya s’est imposé comme un véritable organe de contre-pouvoir dans ce pays de 3 millions d’habitants. « La liberté de la presse au Somaliland est supérieure à la plupart des pays d’Afrique, d’Asie et même d’Europe de l’Est », estime Mohamed Oued Abdi, le rédacteur en chef de Jamhuuriya, un trentenaire surmené, soucieux du détail et de la déontologie journalistique.
À plusieurs reprises, Jamhuuriya a révélé des cas de corruption ou de délit de mœurs qui ont entaché la classe politique somalilandaise. Mais jamais Mohamed Oued ne s’est senti menacé dans son travail : « Si un ministre appelle pour se plaindre, nous lui offrons un droit de réponse, mais pas plus ! Jamais je ne publierai un rectificatif d’une info dont je suis sûr de la véracité », explique-t-il. La force de ce quotidien, c’est aussi son indépendance financière et un lectorat attentif, qui a déjà fait pression sur le gouvernement lorsque pointait la menace de la censure [^2] .
Le Somaliland est un État de facto, avec sa monnaie, sa capitale et son drapeau. Le 18 mai, le pays a célébré les 20 ans de sa déclaration d’indépendance, sans être à ce jour reconnu par la communauté internationale. Pourtant, la gouvernance et la liberté de la presse comptent parmi les nombreux