Les indignés

Denis Sieffert  et  Christophe Kantcheff  et  Jean-Claude Renard  • 28 juillet 2011 abonné·es

Illustration - Les indignés

En dépit des dénégations officielles, on était peut-être à la veille de la première grande difficulté politique d’un gouvernement qui avait tout de même, en un temps record, rétabli dans le pays une véritable justice sociale, pris des dispositions drastiques en faveur de l’environnement, et rendu à la France sa réputation de patrie des Droits de l’homme. Et au peuple, le sentiment que toute politique n’était pas vaine. C’est sur cette toile de fond que survint l’événement qui allait pour longtemps conforter ce gouvernement pourtant improbable. Les premiers jours d’octobre furent marqués par une rétrogradation de la France par les agences de notation. Aussitôt, Christine Lagarde, d’abord, au nom du FMI, et José Manuel Barroso, pour la Commission européenne, exigèrent de la France un plan drastique d’économie qui supposait un terrible retour en arrière. Le soir même du 4 octobre, la Présidente Anémone fit une allocution télévisée pour rejeter ce diktat : « Nous n’avons pas reçu mandat du peuple pour faire la politique des spéculateurs », affirma-t-elle notamment. Mais l’imprévu était à venir. Le mouvement des Indignés, qui avait été si timide en France un an plus tôt, appela à soutenir le gouvernement. Le samedi suivant, le peuple, le mot n’est pas trop fort, déferla dans le quartier Bastille. À 15 heures, et malgré un temps maussade, les manifestants affluaient de toute part. On parla d’un million et demi de personnes. Le soir même, Jean-François Copé, annonça que le rassemblement prévu par la droite pour le week-end suivant, était reporté sine die. Vers 18 heures, Duflot et Mélenchon prirent la parole devant la foule. Pour la première fois peut-être, les deux donnèrent l’impression de parler d’une seule voix.




Tout n’est pas accompli, d’autres obstacles surgiront, mais en ce début d’automne, Anémone peut être satisfaite. Les réformes sont bien enclenchées, son gouvernement fonctionne, et le peuple soutient l’action qu’elle a impulsée. Cela valait bien la peine de se lancer en politique, non ?
 « Allez, Turlutte, viens faire ta promenade dans les jardins de l’Élysée. » 
En France, en 2012, l’Histoire est enfin en marche.


Fin

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