Soizic et David, heureux à Quéménès

Un jeune couple a relancé l’agriculture et l’élevage sur 26 hectares perdus au milieu du parc marin de la mer d’Iroise. Et propose également des chambres d’hôtes.

Claude-Marie Vadrot  • 28 juillet 2011 abonné·es

Depuis quelques années, le Conservatoire du littoral est propriétaire de l’île de Quéménès : 26 hectares au cœur du parc marin de la mer d’Iroise, sur la route maritime de Molène et d’Ouessant. L’île est déserte depuis le départ du dernier agriculteur il y a une dizaine d’années. Un jeune couple, David et Soizic, a été choisi en 2007 pour y relancer culture et élevage. « Nous avons décidé , explique Soizic, d’être énergétiquement autonomes, grâce à une éolienne et à des panneaux solaires. Pour l’eau, nous économisons le plus possible celle du puits grâce à la pluie récupérée. Nous épurons nos eaux usées par lagunage, avec une végétation qui fixe les impuretés. »
Lorsqu’on lui demande si, avec Chloé, leur fille de 21 mois, ils ne se sentent pas trop isolés, elle rit : « Pas plus que des gens qui travaillent à la campagne loin de tout. Et puis nous gérons trois chambres d’hôtes, cela nous fait de la compagnie pendant une bonne partie de l’année. Notre fille change souvent de compagnons de jeux ! Bien sûr, l’hiver, c’est plus difficile, mais c’est aussi notre période de repos, presque cinq mois de semi-vacances. »

David et Soizic récoltent chaque année 15 tonnes de pommes de terre bios, dont 8 sont commercialisées sur le continent. Le reste est consommé sur place par les animaux et les 400 hôtes qui défilent chaque année, et que David va chercher avec son petit bateau à Molène.
Les jeunes gens consacrent également du temps à ramasser des algues, qu’ils utilisent comme engrais ou vendent à des commerçants du continent. L’été, on peut dire qu’ils n’ont guère le temps de souffler !
Le cahier des charges stipule l’entretien des prairies pour maintenir la biodiversité, ce que les moutons font très bien. Ils en ont maintenant une centaine et vont pouvoir commencer à les vendre.

Soizic raconte qu’ils ont essayé de faire paître le troupeau sur leur petit îlot de quatre hectares, qui n’est accessible qu’à marée basse : « Les moutons n’ont jamais voulu y aller. Nous en avons transporté quelques-uns en bateau en espérant qu’ils attireraient les autres, mais ils sont revenus à la première marée basse ! »

Soizic et David atteindront un équilibre financier pour la première fois cette année, malgré une longue sécheresse. Le pari du Conservatoire du littoral, des parcs nationaux et des réserves naturelles de relancer une agriculture protectrice de l’environnement peut être gagné.

Écologie
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