Le bluff de DSK

Denis Sieffert  • 22 septembre 2011 abonné·es

Qui peut encore l’ignorer ? Dominique Strauss-Kahn était l’invité du journal de TF 1, dimanche soir. Vingt-huit minutes, comme si la Terre s’était arrêtée de tourner… Sur la forme, on peut évidemment être impressionné par l’aplomb de cet homme qui vient se confesser devant la France entière, sans un tremblement, sans hésitation ni trouble apparent. De la belle ouvrage. Un grand professionnel de la politique. Mais on est surtout irrité par une mise en scène dont l’orchestration était, finalement, si manifeste. Et même choqué par la fin de l’entretien, qui replaçait l’homme dans son statut d’expert économique commentant la crise grecque. Comme si de rien n’était.
Sur le fond, DSK a réussi trois coups de bluff. Le premier, en balayant d’un revers de main le certificat médical présenté par Nafissatou Diallo – « une simple fiche d’entrée à l’hôpital », a-t-il affirmé –, réduisant en note administrative ce qui résultait d’un examen médical.

Dominique Strauss-Kahn a ensuite brandi le rapport du procureur comme l’arme absolue, affirmant que la femme de chambre avait menti sur tout. Ce n’est pas ce que dit le rapport, qui relève certes les contradictions de Nafissatou Diallo sur les minutes qui ont suivi sa sortie de la fameuse suite 2806, mais qui ne conteste pas ses déclarations sur ce qui s’est passé dans la chambre.

Enfin, il n’est pas exact de dire que la décision de la justice américaine équivaut à un « non-lieu ». Aux États-Unis, un procureur en campagne pour sa réélection ne peut pas se permettre un échec dans un procès. En l’occurrence, Cyrus Vance Jr a considéré que le risque était trop grand pour lui d’aller au procès sans pouvoir apporter une preuve décisive du viol. C’est donc le « doute » du procureur qui a profité à DSK. Mais on ne peut, comme l’a fait ce dernier dimanche soir, transformer ce doute en certitude. Dommage qu’un contradicteur informé du contenu du rapport et des mécanismes de la justice américaine n’ait pas été placé en face de DSK. Mais cette interview-là pouvait-elle avoir lieu ?

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
Idées 28 juin 2025 abonné·es

Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale

L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef
« Notre école est le dernier service public du village »
École 26 juin 2025

« Notre école est le dernier service public du village »

Depuis vingt ans, 7 000 écoles publiques ont été fermées. Celle du Chautay, dans le Cher, pourrait également disparaître. Cette école est l’une des dernières classes uniques de ce département rural. Des parents d’élèves, dont Isabelle, ont décidé de lutter pour éviter cette fermeture.
En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion
Asile 26 juin 2025 abonné·es

En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion

Depuis deux mois, l’homme de 23 ans est retenu au CRA de Cornebarrieu (Haute-Garonne), où il n’a pas reçu son traitement contre le VIH. Les associations demandent une réévaluation de son dossier. Politis a pu le joindre.
Par Élise Leclercq