Mimi d’Algérie

Aziz Chouaki évoque les Algériens de France dans les années 1960.

Gilles Costaz  • 15 septembre 2011 abonné·es

E n 1961, la guerre d’Algérie n’est pas finie. Personne ne sait qu’elle va bientôt s’éteindre. Là-bas, les combattants meurent. En France, les habitants se déchirent. Et les Algériens qui se sont déjà intégrés à la population dite de souche ? C’est à eux qu’a pensé Aziz Chouaki en écrivant sa nouvelle pièce, Chez Mimi, plus apaisée, moins âpre que la plupart de ses textes, des Oranges aux Coloniaux.

Mimi est une Algérienne qui s’est entichée d’un Français ; elle tient avec son mari une guinguette du côté de Marseille. C’est la fête tous les jours, des musiques nouvelles se déchaînent : le rock, le twist. On danse, on s’aime. Mais les nouvelles se succèdent à la radio : l’OAS a pris le pouvoir… Les clients du caboulot se disputent : l’Algérie, c’est la France pour les uns, il faut mettre fin à la colonisation pour les autres… Mimi, celle qui devrait parler le plus de l’Algérie, est celle qui s’exprime le moins. Elle transforme sa douleur en une joie démonstrative et très alcoolisée.


La mise en scène de Frédérique Lazarini épouse nerveusement le rythme des musiques (cela chante beaucoup, en compagnie de l’excellent Ricky Norton) pour mieux l’interrompre quand la violence des faits et des mots éclate. Rayhana et Didier Lesour composent un couple algéro-français attachant. Mais, la plupart du temps, la pièce court comme un disque vinyle tourne sur une platine, plus pittoresque que politique.

Culture
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