Parutions : « Stop ! Tirons les leçons de la crise »

Jeanne Portal  • 15 septembre 2011 abonné·es

Olivier Berruyer le dit d’emblée : il n’est pas économiste, mais il n’est pas non plus néophyte dans cette discipline. Ce spécialiste de la gestion du risque dans la finance et l’assurance est l’auteur d’un blog très apprécié dans la blogosphère (www.les-crises.fr), notamment parce qu’il explique les différents aspects des crises économiques de manière pédagogique et conviviale.


On retrouve le ton de ce praticien féru de statistiques, qui évite le jargon des experts, dans ce livre dense, bel outil sur « l’avènement du financiarisme ». Les pans d’un « capitalisme sans projet » y sont soigneusement étudiés, ainsi que les sources de la crise, au travers de graphiques commentés, de dessins de presse et de citations qui présentent le plus simplement possible les mécanismes complexes de la crise financière.


On peut dire que Berruyer réussit son pari d’aiguiser le sens critique du lecteur, replaçant la crise récente dans son contexte historique : « Le troisième âge du capitalisme est celui du capitalisme financier mondialisé que nous vivons depuis la fin des années 1970. Son esprit est passé du collectif à l’individuel, il érige la liberté, la dérégulation, la réussite individuelle en valeur absolue. Sa figure est le “PDG actionnaire”. Il s’est construit à coup de déréglementation et de financiarisation de l’économie. »


Au travers de ces mots, ce jeune diplômé s’interroge sur notre société et son « paroxysme de cupidité », comme tant d’autres aujourd’hui. Il y voit un futur sacrifié au présent : « Pourquoi dépenser de l’argent aujourd’hui, même si cela rapportera beaucoup dans cinq ans, puisque l’actionnaire nomade ne sera plus dans l’entreprise dans un mois ?  […] C’est finalement cela le financiarisme : un système productif sous-investisseur et surdistributeur !  ».

Toujours pour l’actionnaire.
Le praticien des marchés dénonce cette croyance en l’avènement d’une véritable science financière. Pour lui, la « rationalité » des marchés est impossible, quels que soient les efforts des cerveaux payés à prix d’or pour modéliser leurs comportements.
À côté de ces croyances erronées, l’auteur dénonce aussi le problème démocratique posé par la nouvelle finance en raison de l’influence considérable qu’elle exerce sur les pouvoirs publics. Pour remettre notre système sur les rails de l’intérêt général et de la durabilité, Berruyer propose des dizaines de pistes, très rationnelles.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Caroline Chevé : « La situation en cette rentrée scolaire est très inquiétante »
Entretien 1 septembre 2025 abonné·es

Caroline Chevé : « La situation en cette rentrée scolaire est très inquiétante »

C’est l’un des nouveaux visages du monde syndical. La professeure de philosophie a pris la tête de la FSU, première fédération syndicale de l’enseignement, au début de l’année. C’est dans ce nouveau rôle qu’elle s’apprête à vivre une rentrée scolaire et sociale particulièrement agitée.
Par Pierre Jequier-Zalc
Violences sexuelles : et si le « oui » ne valait rien ?
Idées 28 août 2025 abonné·es

Violences sexuelles : et si le « oui » ne valait rien ?

L’inscription de la notion de consentement dans la définition pénale du viol a fait débat l’hiver dernier à la suite du vote d’une proposition de loi. Clara Serra, philosophe féministe espagnole, revient sur ce qu’elle considère comme un risque de recul pour les droits des femmes.
Par Salomé Dionisi
Insaf Rezagui : « La France pourrait être poursuivie pour complicité si elle continue de soutenir Israël »
Entretien 27 août 2025

Insaf Rezagui : « La France pourrait être poursuivie pour complicité si elle continue de soutenir Israël »

Alors que l’Assemblée générale de l’ONU se réunit en septembre et que le génocide perpétré par Israël à Gaza se poursuit, la docteure en droit international public Inzaf Rezagui rappelle la faiblesse des décisions juridiques des instances internationales, faute de mécanisme contraignant et en l’absence de volonté politique.
Par Pauline Migevant
Le ressentiment, passion triste et moteur des replis identitaires
Société 29 juillet 2025

Le ressentiment, passion triste et moteur des replis identitaires

Dans ce texte puissant et lucide, l’historien Roger Martelli analyse les racines profondes d’un mal-être né des blessures sociales et de l’impuissance à agir. À rebours des discours simplificateurs, il en retrace les usages politiques, notamment dans la montée des extrêmes droites, qui savent capter et détourner cette colère refoulée vers l’exclusion et la stigmatisation de l’autre.
Par Roger Martelli