Une instit en grève de la faim

Le démantèlement de l’Éducation nationale pousse les enseignants à des actions radicales. Jeûne, ou, moins grave mais osé, ce calendrier de profs tous nus…

Ingrid Merckx  • 29 septembre 2011 abonné·es

Catherine Horeau est enseignante à mi-temps à l’école maternelle du Grand-Celland (Manche). Depuis le 19 septembre, elle a cessé de s’alimenter, ne boit que de l’eau et des bouillons, et stationne jour et nuit sur le parking de l’établissement pour protester contre « les suppressions de postes qui démolissent l’école publique » . Elle s’inscrit ainsi en soutien aux parents qui réclament l’ouverture d’une classe.

« Je dénonce les façons de faire au niveau national : dans les écoles où l’on a supprimé des postes, on atteint 28 ou 30 élèves. C’est vraiment malmener les enfants que de leur imposer de démarrer leur scolarité dans ces conditions » , explique l’institutrice.

L’inspection académique de la Manche a répondu que ce chiffre restait « dans le cadre de la capacité d’accueil habituelle d’une classe de ce niveau » .
41 ans, trois enfants, Catherine Horeau n’entend pas risquer sa vie, contrairement à d’autres grévistes de la faim. Mais elle fait de ce jeûne un signe de résistance. L’école du Grand-Celland est un établissement rural passé de 57 à 107 élèves en quatorze ans. L’inspection s’était engagée à ouvrir une cinquième classe si les effectifs dépassaient 105 élèves. À la rentrée, toujours rien…

Le geste de Catherine Horeau souligne à quel point les enseignants se sentent acculés. Ailleurs, des profs réunis en Collectif contre le dépouillement de l’école ont décidé de poser nus dans leur classe, pour un calendrier publié sous le titre « L’école est nue ».

Effectivement, il manque des profs de biologie et d’anglais en Savoie, de sport et d’arts plastiques dans l’Hérault, de français, de maths, de dessin et de musique dans le Val-d’Oise. Et dans les Pyrénées-Orientales, l’enseignement de l’allemand n’est pas assuré, dénonce la FCPE, qui a recensé plusieurs départements où les classes de maternelle dépassent les 30 élèves : Aisne, Hérault, Gironde, Loir-et-Cher et Loire-Atlantique. L’une d’elle atteindrait même 44 élèves…

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »
Entretien 10 juin 2025 abonné·es

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »

Alors que des groupuscules d’extrême droite annoncent un rassemblement discret à Châteaubriant, le collectif Réveillons la Résistance organise une contre-mobilisation citoyenne le 14 juin. Entretien avec une de ses militantes.
Par Juliette Heinzlef
Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »
Reportage 10 juin 2025 abonné·es

Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »

À Montargis, petite ville du Loiret, le calme habituel a laissé place à un front populaire. Le 9 juin 2025, un cortège de 4 000 personnes a défilé contre la tenue d’un meeting d’extrême droite rassemblant Marine Le Pen, Jordan Bardella, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Par Thomas Lefèvre
Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative
Justice 7 juin 2025

Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative

Après l’expulsion de la Gaîté lyrique en mars, 23 jeunes ont reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une répression vivement dénoncée par le collectif des jeunes du parc de Belleville. Vendredi 6 juin avaient lieu les premières audiences au tribunal administratif.
Par Élise Leclercq
Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis
Enquête 7 juin 2025 abonné·es

Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis

Deux hommes ont été placés en garde à vue après des plaintes du collectif fémonationaliste, venues perturber un meeting organisé contre les OQTF. Dix jours après les faits, les témoins dénoncent la coopération entre les militantes d’extrême droite et la police lors des interpellations.
Par Pauline Migevant