Le marasme de la capitalisation

L’un des plus gros fonds de pension a perdu 37 milliards d’euros.

Thierry Brun  • 4 novembre 2011 abonné·es

Le silence de la Commission européenne, promoteur infatigable des fonds de pension, est assourdissant. Pourtant, la perte de 37 milliards d’euros au troisième trimestre du fonds de retraite public norvégien, le deuxième plus gros fonds de pension au monde, en dit long sur la fragilité de ces systèmes de retraite adossés aux marchés financiers.

Annoncée le 28 octobre par la Banque de Norvège, la chute spectaculaire de ce fonds basé sur la capitalisation, qui détient à lui seul près de 400 milliards d’euros, est la conséquence de la crise de la dette et de l’effondrement des Bourses ces derniers mois.

Le cas norvégien illustre le marasme dans lequel se trouvent les fonds de pension dans le monde. Les systèmes de retraite par capitalisation ou d’épargne retraite ont accusé une perte de près de 4 000 milliards d’euros fin 2008, selon une étude de l’OCDE.

La crise de la dette en Europe a un lourd impact sur les pensions de retraite. Cette année, les 1,3 million d’épargnants belges qui cotisent à des fonds de pension privés ont perdu environ un milliard d’euros. À lui seul, le fonds public norvégien, qui détient plus de 2 % de l’ensemble des actions sur les marchés boursiers européens, a perdu près de 17 % sur ces investissements. Comme la plupart des fonds de pension, il cherche à maximiser ses rendements en spéculant sur le marché de l’immobilier de bureaux en Île-de-France. Il a ainsi racheté en juillet une part de 50 % dans sept grandes propriétés pour la bagatelle de 702,5 millions d’euros.

Qu’ils soient publics ou privés, ces fonds de pension n’offrent pas une meilleure protection que les régimes par répartition. La crise inflige ainsi un cinglant démenti au gouvernement.

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