Les durs toujours là

Marine Le Pen veut faire croire qu’elle s’est débarrassée de l’aile la plus infréquentable de son parti. Là aussi, de l’esbroufe.

Michel Soudais  • 12 janvier 2012 abonné·es

L’affaire a fait un peu de bruit au moment des cantonales. Des clichés publiés sur Internet montraient Alexandre de Gabriac, jeune conseiller régional du FN dans le Rhône, en train de saluer bras tendu devant un drapeau hitlérien. Marine Le Pen exige illico son exclusion. D’autres vont suivre. Trois mois et demi après la passation de témoin entre les Le Pen, notent Abel Mestre et Caroline Monnot (voir ci-contre), la commission de discipline avait traduit en justice dix-sept militants, dont quinze partisans actifs de Bruno Gollnisch. Le chef d’orchestre de la campagne de ce dernier, Yvan Benedetti, militant de l’Œuvre française, connaît le même sort à l’été. Il lui était reproché notamment d’avoir déclaré qu’il était « antisioniste, antisémite, antijuif » .

La nouvelle présidente du FN « veut se débarrasser de la quincaillerie nationaliste » , résume Romain Rosso (voir ci-contre). Mais le ménage ne touche que les « éléments les plus visibles et les plus bruyants » . D’autres sont plus que jamais présents dans son entourage. C’est le cas de Frédéric Chatillon, dirigeant du GUD au début des années 1990, connu pour ses provocations. Soutien du Hezbollah libanais, il a défendu activement, avec Alain Soral notamment, l’humoriste Dieudonné lors du scandale déclenché par son sketch avec le ­négationniste Robert Faurisson. Très lié à la Syrie, il a lancé un site de soutien au régime de Bachar Al-Assad, www.infosyrie.fr, qui se présente comme une agence de réinformation, enregistré au nom de son entreprise Riwal. Cette même société spécialisée dans la communication fabrique tous les documents de la candidate et de son parti.

Au FN, on minimise le rôle de M. Chatillon : il n’a aucune fonction dans l’organigramme et ne serait qu’un prestataire de services, un pro de la maquette. Ce qui n’explique pas pourquoi il était, le 1er mai, dans le périmètre VIP formé autour de la tribune où Marine Le Pen prononçait son discours, avec un badge « organisation ».Et c’est un autre ancien du GUD et proche de Chatillon, Olivier Duguet, qui, selon Romain Rosso, est le trésorier de Jeanne, le microparti de Marine Le Pen, indépendant du FN, créé en novembre 2010 pour collecter des fonds.

Le 6 janvier, Nissa Rebela, branche niçoise du Bloc identitaire, s’est prononcé en faveur d’un soutien à la présidente du FN, qui ne l’a pas refusé. Et pourrait bien en retour investir aux législatives deux des responsables de ce groupe activiste radical. Signe que les durs ont encore leur place dans le rassemblement « mariniste ».

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