Mutuelles trop chères, témoignages

Ingrid Merckx  • 12 janvier 2012 abonné·es

« Ma plus grosse facture ! »

Retraitée de 80 ans, Gilberte Brun vit seule dans la banlieue parisienne.
Elle bénéficie de la mutuelle de
son mari défunt.

À partir de 80 euros par mois, je me suis rendu compte que cette mutuelle me coûtait trop cher. Trois augmentations en 2011 ! Elle est maintenant à 110 euros ! Pour une pension de 800 euros, c’est une de mes factures les plus importantes, avec les charges locatives qui ne cessent d’augmenter. J’aimerais changer de mutuelle, mais c’est difficile d’obtenir les mêmes remboursements pour un tarif abordable. J’ai la chance d’être en bonne santé. J’envisage donc d’arrêter, d’autant que mes médicaments pour l’arthrose ne sont plus remboursés…

« Avant la santé, le loyer est devenue la priorité absolue »

Didier Ménard, médecin généraliste à Saint-Denis et président du Syndicat
de la médecine générale.

La majorité de mes patients n’ont pas de mutuelle. Les très précaires bénéficient de la couverture maladie universelle (CMU), les autres ne peuvent s’offrir une complémentaire : le loyer est devenu la priorité absolue. Je vois des ouvriers avec des épaules démises ou des femmes de ménage avec le dos en compote retarder des congés maladie parce qu’ils ne peuvent s’arrêter. Je parviens à en faire entrer certains dans le système ALD (affections longue durée, prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale). À d’autres, je réexplique le fonctionnement très compliqué de l’aide à la complémentaire (ACS). Certains, couverts par la prévoyance de leur entreprise, acceptent les pires conditions de travail pour ne pas perdre leur couverture santé. Même les mutuelles les moins chères sont trop chères et couvrent peu.
Cette nouvelle taxation intervient alors que la Sécurité sociale ne prend en charge les soins courants qu’à 50 %, contre 80 % auparavant. Le reste à charge n’a jamais été si important ! Les plus en difficulté sont les petits employés, les travailleurs pauvres, les intérimaires et les retraités. Cela se traduit par une mise en danger de leur santé, un recours intensifié à l’hôpital et une aggravation des maladies chroniques.

« D’un extrême à l’autre… »

Anne, 36 ans, assistante de gestion
au pôle action sociale d’une grande
ville de la banlieue parisienne.

C’est lors des absences pour longue maladie qu’on réalise que certains agents de la fonction publique territoriale n’ont pas de mutuelle. Au-delà des 90 jours de congé maladie par an auxquels ils ont droit, ils ne perçoivent plus que 50 % de leur salaire. Certains se mettent à chercher des complémentaires quand ils tombent malades. Celles qu’on leur propose coûtent au minimum 50 euros par mois. Pour un Smic ou un temps partiel, c’est énorme ! À l’opposé, des agents prennent deux mutuelles pour être certains d’être bien couverts. D’un extrême à l’autre…

Société
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