Le froid réveille le gouvernement

Les pouvoirs publics ont débloqué des places d’urgence pour les sans-abri. Une gestion court-termiste.

Ingrid Merckx  • 16 février 2012 abonné·es

Près de 19 000 places d’hébergement supplémentaires en quelques jours. C’est l’exploit dont le gouvernement s’est montré capable face à la vague de froid glacial qui s’est abattue sur la France ces dernières semaines. Selon l’Observatoire du 115 de la Fnars (fédération d’associations de solidarité), aucune mise à l’abri n’a été refusée par manque de place dans la plupart des départements. Ce dont tout le monde se félicite : c’est donc que c’est possible.

Ce succès est à relativiser : « C’est pour nous la démonstration d’une gestion d’urgence au thermomètre, contrairement à la logique d’arrêt de la saisonnalité des réponses » , s’agace Matthieu Angotti, directeur général de la Fnars (la Croix). De plus, la Loire, le Rhône, la Loire-Atlantique et le Val-d’Oise manquent encore de places. Des publics spécifiques (personnes avec chiens) ne peuvent être acceptés dans les gymnases ou les hôtels. En outre, combien d’appelants se découragent quand ils n’obtiennent pas de réponse ? Et combien ne restent pas dans ­l’hébergement proposé et préfèrent trouver refuge dans un hôpital ou un hall d’immeuble ?

Même si cela demeure marginal, quelques particuliers proposent d’héberger chez eux des personnes qu’ils n’ont jamais vues. Une page Facebook a été créée, « Le 115 des particuliers ». Elle compte 3 000 membres.
Il manque 70 000 places d’hébergement en France, s’alarmait fin janvier le député Arnaud Richard. Rapporteur d’un rapport parlementaire sur le sujet, il alertait notamment sur la nécessité de pérenniser les places ouvertes l’hiver : il n’y a pas plus de morts dans la rue pendant la saison froide – six en France au 8 février. Enfin, « il appartient aux autorités de l’État de mettre en œuvre le droit à l’hébergement d’urgence reconnu par la loi à toute personne sans abri qui se trouve en situation de détresse médicale, psychique et sociale » , a reconnu le Conseil d’État le 10 février. Un arrêté historique, selon le collectif Droit au logement (DAL) : « Si la loi était appliquée et respectée, il n’y aurait plus de sans-abri. »

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