« Nicolas Sarkozy se trompe »

Il ne suffit pas de produire des logements, il est également impératif de réguler les prix.

Ingrid Merckx  • 2 février 2012 abonné·es

Cinq ans après « la France de propriétaires », Nicolas Sarkozy propose d’augmenter la construction de logements de 30 %. Peut-on s’en réjouir ?

Patrick Doutreligne : Nicolas Sarkozy propose de déroger de 30 % au coefficient d’occupation des sols, ce que la loi Molle autorise déjà pour la construction de logements sociaux et répondant aux normes BBC (bâtiments basse consommation). Même les promoteurs accueillent la nouvelle avec réserve : cela permettrait peut-être de passer à 20 000 logements supplémentaires par an, ce qui est très insuffisant, les besoins étant évalués à 500 000. Sur la régulation des prix, Nicolas Sarkozy se trompe quand il dit qu’aucun pays au monde ne l’a fait, même pas l’Union soviétique : l’Allemagne la Suisse, la Hollande, la Suède, les pays nordiques régulent.

Construire est-il la première solution à la crise du logement ?

La seule façon de sortir de la crise, c’est de produire du logement. Si on veut que les prix se stabilisent, il faut retrouver un équilibre entre l’offre et la demande. On ne manque pas d’espace : les deux villes avec le plus de contraintes, Paris et Versailles, arrivent à respecter la loi SRU sur les 20 % de logement social. Les villes qui se plaignent de manquer de foncier, comme Neuilly, construisent bien des résidences de luxe !

Le problème, c’est le prix du foncier, qui atteint entre 10 et 15 % du prix du logement en France, et 30 % en région parisienne. Mais aucun candidat n’avance de mesure forte pour intervenir. Rien dans le programme de l’UMP en dehors de cette dérogation de 30 %. Le PS propose de mettre à disposition, jusqu’à la gratuité, des terrains de l’État, reste à savoir comment. La France est très en retard comparé à l’Allemagne et au Nord de l’Europe, où les collectivités sont propriétaires du terrain et régulent selon qu’elles les vendent pour du logement social, du commerce, des bureaux…

Comment contraindre les candidats à signer le Pacte social de la Fondation Abbé-Pierre ?

Ceux qui signeront ce pacte s’engageront à en respecter les grands axes. Même si on décide de sortir de la pénurie, on aura besoin de mesures palliatives pendant cinq ou dix ans. Quasiment tout le monde est d’accord sur la nécessité de ­maîtriser les prix, c’est sur des mesures comme la régulation des loyers que les clivages apparaissent. Il n’est pas question de revenir à une économie administrée, mais de limiter les excès. Les prix à Paris ont augmenté de 20 % en 2010 et 2011. Tout le monde s’en plaint, personne ne fait rien ! On est face à un choix politique majeur.

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