Rio+20, sommet crucial

La conférence de l’ONU sur l’état de la planète, qui se tiendra en juin, ne peut se permettre un constat d’impuissance.

Patrick Piro  • 2 février 2012 abonné·es

Le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, plaçait l’environnement au cœur des questions planétaires. Sous l’égide des Nations unies, trois conventions internationales étaient lancées : lutte contre le dérèglement climatique, préservation de la biodiversité, protection des forêts. Vingt ans après, alors que la planète est percluse de crises, Rio+20 espère insuffler une nouvelle dynamique[^2], mais on n’en prend pas le chemin.

Le 10 janvier, le lourd processus onusien a produit un premier texte, que les États vont amender dans une navette qui durera jusqu’en juin. Essentiellement centré sur la promotion d’une économie « verte » et la création d’une Organisation mondiale de l’environnement (pendant de l’OMC), « il est d’une faiblesse insigne face aux enjeux de l’époque! » , commente Pierre Radanne, président de l’association 4D et l’un des animateurs du Collectif Rio+20.

Cette plateforme d’une cinquantaine d’organisations françaises (associations, ONG, syndicats, mouvements sociaux…) travaille depuis juillet 2010 à un programme^3 en cinq points : établissement d’une régulation économique et financière planétaire ; instauration d’une protection sociale globale ; rénovation de la gouvernance de l’ONU élargie au service du développement durable ; promotion d’une économie verte au service des peuples ; ­démocratisation. Le Collectif compte ainsi diffuser dès mars sa propre « déclaration de Rio   », largement signée par les organisations internationales, afin de peser sur le conclave onusien.

Le grand séminaire qui a réuni 50 000 personnes à Porto Alegre (Brésil) lors du Forum social mondial s’est emparé du projet. La Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération européenne des syndicats (CES) le suivent de près. Une ­demi-douzaine d’autres plateformes sont apparues en Europe, avec lesquelles le Collectif Rio+20 entend s’articuler.

En 2012, c’est la société civile qui est la vraie locomotive du processus, et l’ONU est demandeuse, selon Brice Lalonde, coordinateur exécutif du sommet officiel.«  C’est aussi, en partie, l’avenir de l’ONU qui se joue à Rio, estime Pierre Radanne. Conclure par l’impuissance, vingt ans après, serait ravageur. »

[^2]: Du 20 au 22 juin (sommet officiel) et du 13 au 23 juin (société civile).

Écologie
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