AC-Le feu en tournée

Banlieues Lyon, quatrième étape du tour de France du collectif militant.

Erwan Manac'h  • 22 mars 2012 abonné·es

«Bonjour madame, on est un collectif parisien créé en 2005 après les émeutes de banlieue ! » Malgré le froid, la pluie et les remerciements pressés des passants, les militants du collectif AC-Le feu tiennent leur poste toute la journée, lundi 19 mars sur la place Louis-Pradel de Lyon, pour la quatrième étape de leur tour de France. Après Metz, Strasbourg et Besançon, ils devaient encore se rendre à Grenoble, à Nice, à Marseille et à Nîmes, avant de retrouver, le 24 mars à Montpellier, une seconde caravane qui sillonne la moitié ouest de la France.

Tee-shirts floqués du « ministère de la Crise des banlieues », cinq jeunes arpentent les rues alentour : « On fait le tour de la France pour faire signer des pétitions contre les discriminations à l’emploi, au logement… » , résume Marna Bourama, 21 ans, aux passants qui signent souvent sans en demander plus.

Depuis sa création, après les émeutes de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2005, AC-Le feu tente de ramener les abstentionnistes dans le jeu démocratique. Et après deux tours de France des quartiers populaires, en 2006 et en 2007, l’association déploie cette année son stand sur les places de centre-ville, pour faire la promotion de ses 23 propositions : « Nous sommes devenus une force de proposition, prévient Mohammed Mechmache, président du collectif, car les politiques tentent de surfer sur le désespoir qui grandit aujourd’hui. » « On vient dans les centres-villes pour essayer de rassembler les gens , ajoute Marna Bourama. Nos revendications ne concernent pas que la banlieue. »

La jeune équipe reste incrédule devant les engagements des candidats de gauche, dont elle a reçu la visite fin février, au « ministère [éphémère] de la Crise des banlieues », installé à Paris (lire sur Politis.fr). Elle reste même suspicieuse devant le souffle politique qui se lève autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Elle s’engage donc énergiquement dans la chasse aux signatures avec des moyens dérisoires, comptant sur la force de sa sincérité. « De toute façon, tranche Marna Bourama, il faut bien que les choses changent. »

Cette poignée de jeunes adultes qui viennent grossir les rangs de l’association est une lueur d’espoir pour Mohammed Mechmache, militant plus ancien qui travaille depuis sept ans à la construction, lente et fastidieuse, d’un mouvement politique autonome pour porter la voix des quartiers populaires. « Cette jeunesse a sa propre histoire, analyse l’élu municipal à Noisy-le-Sec. Ils avaient 16 ans pendant les émeutes de 2005. »

« Avec le temps, les consciences s’éveilleront, espère un animateur historique d’AC-Le feu qui ne donne plus son nom à la presse. Si je me tue la santé à faire le tour de France sur mes congés, c’est que j’y crois. »

Société
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