Bayrou, la dernière carte

L’effondrement de Nicolas Sarkozy ne s’est pas produit, et
la campagne du candidat du centre ne retrouve pas sa dynamique de 2007.

Michel Soudais  • 29 mars 2012 abonné·es

Illustration - Bayrou, la dernière carte

Pour François Bayrou, 2012 n’est pas 2007. Dimanche, le candidat du MoDem a certes rempli le Zénith de Paris. Quelque 6 000 militants enthousiastes ont applaudi à l’exposé des six premiers mois de sa présidence : organisation « le 10 juin, jour du premier tour de l’élection législative, [d’] un référendum de moralisation de la vie publique en France » , présentation « avant le 14 juillet, [ d’] une loi de finances rectificative qui portera en particulier sur des économies dans le fonctionnement de l’État, la création d’un point de TVA et l’abaissement des niches fiscales » , création de « la possibilité d’un emploi sans charges pour toutes les entreprises de moins de 50 salariés » , mise en place d’ « un commissariat aux stratégies de production » , session extraordinaire du Parlement pendant tout l’été, lancement d’un « Grenelle de l’Éducation » , puis d’un grand projet de loi social « qui permettra notamment la participation des salariés aux conseils d’administration, limitera le recours aux CDD avec la création d’un contrat de travail unique »…

Mais le bref mot d’accueil lancé par Marielle de Sarnez, son fidèle bras droit –  « C’est aujourd’hui que la campagne commence ! »  –, avait le goût amer des campagnes qui patinent. Trois mois et demi après sa déclaration officielle de candidature, celui qui s’est présenté dimanche comme le « candidat de l’espoir » ne parvient pas à transformer un indéniable capital de sympathie – 70 % d’opinions favorables dans le dernier baromètre Ifop-Paris Match – en intentions de vote. En 2007, à ce stade de la campagne, François Bayrou recueillait en moyenne 19 % dans les sondages, score qui fut le sien au premier tour (18,57 %) et fit de lui le « troisième homme » inattendu du scrutin. Début mars 2007, un sondage CSA l’avait même pointé à 24 %. Aujourd’hui, il plafonne à 12 %.

À l’issue de son meeting, le ­candidat voulait se persuader dimanche « que les intentions de vote ne sont pas encore figées » et disait avoir ressenti « plus de ferveur » qu’à son meeting du 21 mars 2007 dans la même salle.

La comparaison est toutefois trompeuse. Il y a cinq ans, l’UDF, dont François Bayrou était le président et le candidat, avait investi cette salle de 6 000 places après avoir dû refuser l’accès à ses meetings, pour des raisons de sécurité, à des centaines de personnes. Et cela sans le recours à une quarantaine de bus venus de toute la France comme dimanche dernier. Le 18 avril 2007, François Bayrou avait encore doublé la mise en remplissant le palais omnisports de Bercy, bien plus grand.

Soutenu par 18 sénateurs, regroupés autour de l’ancien ministre Jean Arthuis, mais deux députés seulement, Jean Lassalle et Daniel Garrigue, un gaulliste opposé à Nicolas Sarkozy, François Bayrou rêvait d’un effondrement de ce dernier lui permettant d’attirer à lui les élus qui l’ont lâché après son refus de choisir entre les deux finalistes de 2007. Le décrochage ne s’est pas produit. Pire, la tuerie de Toulouse a remis le président de la République sur le devant de la scène.

Pour sa troisième candidature à l’Élysée, le député du Béarn apparaît plus isolé que jamais. Toujours désireux d’incarner un centre mythique, François Bayrou prend grand soin de se tenir à égale distance des candidats de «  l’illusion  » (François Hollande) et de la «  division  » (Nicolas Sarkozy), mais peine à définir les contours d’un gouvernement.

Si le miraculeux déclic qu’espèrent encore ses partisans ne se produit pas, c’est pourtant pour l’un des deux que François Bayrou devra se prononcer. Cette fois, il a promis qu’il le ferait.

Politique
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