Du potache au menu

Thierry Lefebvre retrace dans un livre l’épopée de Carbone 14. Une culture de l’insolence.

Jean-Claude Renard  • 15 mars 2012 abonné·es

Les pseudonymes saugrenus donnent le ton : Jean-Yves Lafesse, Supernana, David Grossexe, Robert Lehaineux, Madame Globo, Perluche, Igor Kalachnikov. Ce sont les animateurs emblématiques de Carbone 14, une bande d’aspirants comédiens, humoristes, réalisateurs, fantaisistes, animant les émissions d’une radio baptisée Carbone 14, à vocation musicale. Dans un esprit trempé d’humour potache, d’impertinence, de provocation aussi, non sans vulgarité parfois. Succès garanti. Qui aura duré à peine deux ans.

Carbone 14, née à Paris le 14 décembre 1981, s’inscrit dans le mouvement de « libération des ondes » , dans « l’état de grâce » suivant l’élection de François Mitterrand, écrit Thierry Lefebvre, relatant l’épopée de cette station. C’est alors la « ruée vers l’hertz » , profitant de la tolérance prônée par le tout frais ministre de la Communication Georges Fillioud. De quoi donner un ­paysage radiophonique « complexe et chaotique » , avant la mise en place d’une autorité de régulation (décembre 1982).

Vont se bousculer NRJ, RFM, Nova, Radio mouvance, des centaines de stations sur la bande FM, le temps d’une « longue mais fugace période d’impunité et de défoulement   ». Le 17 août 1983, la Haute Autorité de communication audiovisuelle coupe le son de Carbone 14, flinguant sa fréquence, marquant la fin des radios réellement libres.

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