Honoraires en liberté

Un décret sur les dépassements renforce les inégalités.

Sarah Sudre  • 29 mars 2012 abonné·es

Un décret, qui vient d’entrer en vigueur, autorise les dépassements d’honoraires, légitimant les tarifs excessifs des spécialistes. Le ministère de la Santé admet cette pratique tout en mettant en place un secteur optionnel, pour limiter les dépassements d’honoraires à 50 % du tarif conventionné par la Sécurité sociale. En échange d’un petit sacrifice des praticiens, l’assurance-maladie prend désormais en charge une partie de leurs cotisations liée à l’exercice de leur fonction. Les complémentaires santé, essentiellement des mutuelles sans but lucratif, sont également mises à contribution, contraintes de rembourser les dépassements.

Ce nouveau système est rejeté par les organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, FSU, CFE-CGC, CFTC, FSU, Unsa) et la Mutualité française, qui regroupe la plupart des mutuelles. Le gouvernement est accusé d’aggraver les inégalités d’accès aux soins, alors que la Mutualité française prône l’accès à une complémentaire santé pour tous. Autre reproche : les mutuelles devront augmenter le montant des cotisations des adhérents, avec pour conséquence l’exclusion des ménages les plus modestes, alors que beaucoup d’autres, faute de moyens, renoncent déjà à se soigner correctement.

Les syndicats soupçonnent aussi l’État de vouloir affaiblir les mutuelles au profit du secteur privé lucratif. La Mutualité française dénonce la montée d’un système de santé inégalitaire proche de celui existant aux États-Unis.

Société
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