Le Monde selon Sarkozy

Politis  • 29 mars 2012 abonné·es

Les questions internationales ont été, jusqu’ici, absentes de la campagne électorale. Pascal Boniface remédie à ce manque en revisitant le quinquennat de Nicolas Sarkozy à la lumière de sa politique étrangère. Le directeur de l’Iris use pour cela d’une grille de lecture qui renvoie moins au clivage droite-gauche qu’à l’antagonisme entre «  gaullo-mitterrandistes   » et « occidentalistes » .

Les premiers, analyse Boniface, jugent que la France « ne peut se résumer à son statut de pays occidental » , qu’elle a un rôle spécifique à jouer avec les pays dits « du Sud » hier, appelés «  émergents  » aujourd’hui. Alors que les «  atlantistes  » et autres «  occidentalistes  » croient que le devoir principal « est d’être solidaire de cette famille et de son leader, en l’occurrence les États-Unis ».

Une opposition qui recoupe largement la théorie du choc des civilisations et de guerre contre le monde arabo-musulman. Nicolas Sarkozy, lui, n’est pas très fixé : il propose le Quai d’Orsay au « gaullo-mitterrandiste » Védrine, qui le refuse, puis à l’atlantiste Kouchner… Lui-même est plutôt atlantiste ; il réintègre le commandement intégré de l’Otan. Mais, comme le dit Boniface, il n’en finit pas de rompre avec la rupture.

Des impulsions, donc, et beaucoup d’incohérences, comme en témoignent notamment les multiples contradictions du Président face au conflit israélo-palestinien. Boniface suit à la trace les méandres de cette politique au travers de nombreux événements qui ont jalonné ces cinq années. Édifiant.

Idées
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