Les Touaregs, peuple oublié

La rébellion au nord-est du pays a servi de prétexte au putsch qui a destitué le président Amadou Toumani Touré.

Denis Sieffert  • 29 mars 2012 abonné·es

C’est la principale justification de la junte qui, le 22 mars, a déposé le président malien, Amadou Toumani Touré : durcir la répression contre la rébellion touareg qui inflige défaite sur défaite à l’armée au nord-est du pays. Les Touaregs, désignés aujourd’hui comme terroristes islamistes, et dont certaines composantes politiques sont en effet alliées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), sont au cœur de toute l’histoire de cette vaste région saharienne.

Peuple nomade déstructuré par la colonisation, spolié par l’exploitation minière des sociétés françaises au Mali et au Niger, relégué économiquement et politiquement par les États africains, les Touaregs ont subi de plein fouet les crises algérienne (1993-2000) et libyenne (2011). Recrutés par des islamistes algériens fuyant la guerre civile, ainsi que dans les milices de Kadhafi, certains d’entre eux sont devenus les soldats de causes qui ne sont pas les leurs. Ils sont les pauvres des pauvres dans une région particulièrement déshéritée.

Car, s’il est vrai que le président Amadou Toumani Touré, qui vient d’être destitué par la junte, a contribué en 1992 à établir la démocratie dans le pays (il ne devait pas se représenter à l’élection qui était prévue le 29 avril), il est tout aussi vrai que le Mali est resté sous son mandat l’un des pays les plus pauvres du monde. Plus de la moitié de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté. Le Mali est pourtant le troisième pays africain producteur d’or et l’un des premiers producteurs de coton.

Le pouvoir malien, fortement corrompu, a permis le pillage des ressources par des multinationales, sans profit pour la population. Et cela au prix d’atteintes dramatiques à l’environnement.

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