Toulouse, la récupération

Pauline Graulle  • 29 mars 2012
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Dans une campagne électorale, une « séquence » chasse l’autre. Si le tragique fait divers des tueries de Toulouse et de Montauban (sept personnes assassinées, dont trois enfants) semble déjà relégué au second plan de l’actualité, l’écho politique de cet événement pourrait néanmoins résonner jusqu’au 6 mai. Certes, l’élection du futur président ne se jouera pas exclusivement sur cette affaire (on pense pourtant à la défaite du président espagnol Aznar après les attentats de Madrid en mars 2004), mais elle mérite qu’on s’y attarde. Parce que le 21 mars, hypocritement décrété jour de « non-campagne », le débat politique a cédé devant le faux consensus de la lutte contre le terrorisme. Et la démocratie devant l’émotion. La chose ne serait pas aussi grave si les enjeux politiques à venir n’étaient pas aussi préoccupants : crise économique, chômage, système de solidarité nationale en faillite… Est-il responsable de laisser le destin de la France se jouer sur un coup de dés émotionnel ? C’est bien sûr à Nicolas Sarkozy, passé maître dans l’art d’exploiter les mouvements d’opinion dictés par l’information en continu, qu’il faudrait avant tout poser la question !

Si le drame de Toulouse et Montauban a montré la fragilité de la démocratie face à un événement à forte teneur traumatique, elle a également dévoilé le côté pervers d’une Ve République qui, dans sa quête de « l’homme fort », génère autant qu’elle subit toutes les manipulations. Friande de héros (même de pacotille), elle se délecte d’un Sarkozy qui entretient la peur pour mieux passer pour le sauveur, et du triste spectacle des autres candidats qui, moins bien taillés pour le rôle, n’ont d’autre choix que de suivre le mouvement sans pouvoir imposer leur vision.

Publié dans le dossier
Après Toulouse, la récupération
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