Ben Bella, un « historique »

Denis Sieffert  • 19 avril 2012 abonné·es

Né en 1916, Ahmed Ben Bella, décédé le 14 avril à 96 ans, était l’un des neuf « chefs historiques » du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (Crua), ancêtre du Front de libération nationale (FLN). Arrêté en octobre 1956 lorsque son avion est intercepté par l’aviation française, il passe la fin de la guerre en prison. Mais il joue un rôle prépondérant lors de l’indépendance du pays, devenant, le 15 septembre 1963, le premier président de la République algérienne. Le 19 juin 1965, il est destitué par un coup d’État militaire de son vice-Premier ministre, le colonel Houari Boumédiène, proche de l’actuel président Bouteflika.

Cet éphémère passage au pouvoir appelle un bilan contrasté. Panarabiste, admirateur de Nasser, il tente d’instituer un socialisme algérien. Mais il réprime brutalement les révoltes kabyles (plus de 400 morts), et fait condamner à mort son compagnon de lutte Hocine Aït-Ahmed, qui réussira à s’évader in extremis.

Emprisonné par Boumediène jusqu’en 1979, Ben Bella s’exile ensuite en Suisse. Il ne rentre en Algérie qu’en 1990. Il joue un rôle positif au moment des Rencontres de Sant’Egidio en 1995, en prônant l’intégration des islamistes dans le champ politique. En vain. Ironie de l’histoire, le dernier survivant du soulèvement de novembre 1954, début de l’insurrection algérienne, est aujourd’hui Aït-Ahmed, de dix ans le cadet de Ben Bella.

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