EELV, en route pour les législatives

Après cette présidentielle qui ne leur a guère réussi, et qu’Eva Joly a portée tant bien que mal, les écologistes se projettent maintenant avec soulagement vers les scrutins de juin, cruciaux pour leur avenir.

Patrick Piro  • 26 avril 2012 abonné·es

Il est bien loin, ce 20 août 2011, pour Europe Écologie-Les Verts (EELV). Devant ses troupes enthousiastes, lors des journées d’été du parti à Clermont-Ferrand, Cécile Duflot, secrétaire nationale, promettait alors à Eva Joly un résultat à deux chiffres à l’élection présidentielle… Avec 2,31 % des voix pour leur candidate, les écologistes n’obtiendront même pas le remboursement de leurs frais de campagne.

La harangue de l’été s’appuyait sur les succès électoraux engrangés par les écologistes depuis les européennes de 2009 (16,28 %). Avec le recul, il s’agissait plus d’un défi que d’une ambition logique. La présidentielle, où l’affrontement des ego l’emporte sur celui des idées, demeure un pensum pour les écologistes, qui n’ont tiré leur épingle du jeu qu’en 2002 avec le très médiatique Noël Mamère (5,25 %).

EELV devra analyser ses erreurs. Si le parti reste convaincu, à l’exception de Dany Cohn-Bendit, qu’il fallait être présent à l’élection majeure, la présomption aura été de croire qu’une novice en politique pouvait faire l’affaire (aucun cadre d’EELV n’a concouru à la primaire de désignation).

La crédibilité de la candidature Joly a ensuite été affaiblie par le psychodrame de l’accord PS-EELV signé en novembre dernier : un bras de fer où les écologistes ont dû lâcher sur leur objectif de voir inscrite la sortie du nucléaire dans le projet commun, afin d’obtenir 63 circonscriptions réservées pour les législatives des 10 et 17 juin prochains.

Au bout du compte, malgré quelques critiques émanant de cadres écologistes, et dont elle assume une part, Eva Joly s’en tire plutôt avec les honneurs de son camp : l’ambiance n’était pas aux règlements de compte dimanche, mais plutôt à la reconnaissance des vertus morales dont elle a fait preuve au long d’un parcours difficile, où elle a été la cible de nombreuses attaques personnelles. « 2012 restera une ­campagne culte », pronostique Patrick Farbiaz, conseiller d’une Eva Joly en passe de devenir une « icône », selon Sergio Coronado, son codirecteur de campagne.

Le marathon présidentiel s’achève sans trop d’amertume pour EELV, qui conçoit la séquence en trois manches. La victoire de François Hollande, pour lequel l’immense majorité des sympathisants EELV devrait voter le 6 mai. L’obtention de quelques maroquins que l’accession au pouvoir du socialiste devrait valoir aux écologistes ; à demi satisfaits par l’accord PS-EELV, ceux-ci avaient alors suspendu leur décision de participer au gouvernement, renvoyée à une possible renégociation de la question nucléaire dans l’entre-deux tours de la présidentielle ; le résultat d’Eva Joly ne leur offre plus cette marge de manœuvre…

La troisième manche est la plus cruciale : les législatives. La dynamique d’une victoire de Hollande, surtout si elle est sans appel, devrait installer une confortable majorité de gauche à l’Assemblée nationale. Les écologistes pourraient y compter jusqu’à une trentaine d’élus : un groupe parlementaire et l’assurance d’une aisance financière nouvelle (les aides publiques aux partis dépendent du nombre de leurs députés). De quoi effacer, au soir du 17 juin, la déconvenue présidentielle.

Aussi, redoutant que le résultat d’Eva Joly n’incite les socialistes à reconsidérer leurs concessions législatives, les cadres écologistes professent depuis plusieurs semaines, méthode Coué oblige, leur « confiance » dans la parole donnée par le PS. Car les menaces d’insubordination socialistes émises depuis des mois dans plusieurs circonscriptions accordées à EELV pourraient redoubler d’intensité dès la fin de la présidentielle…

Quelques gages ont cependant été échangés dès dimanche soir. Eva Joly, sans états d’âme, a immédiatement appelé à voter le 6 mai pour Hollande. Lequel l’en a remerciée dans son discours en évoquant la « transition énergétique » parmi les valeurs clés de l’ébauche de sa profession de foi pour le second tour (certes, au dernier rang, mais aucun écologiste ne s’en est formalisé). Sur le plateau de France 2, Martine Aubry, première secrétaire du PS, a voulu rassurer Cécile Duflot : « Nous sommes main dans la main. »

Les écologistes s’attendent néanmoins à voir l’accord législatif réajusté. Mais peut-être moins qu’ils ne le redoutent, puisque le Front de gauche, au succès très flatteur mais en deçà de ses espoirs, ne réclame pas de négociations. Pour le moment du moins. Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon, s’inscrivant au-delà de 2012, a clairement appelé « à battre Sarkozy » sans exiger aucune contrepartie.

Politique
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