La France au régime sec

La faiblesse des pluies se combine à un niveau déjà bas des nappes phréatiques. Une situation très inquiétante pour les agriculteurs.

Claude-Marie Vadrot  • 12 avril 2012 abonné·es

Le niveau des nappes souterraines françaises, dans 80 % des cas, est déjà inférieur à la normale. Tel est le diagnostic rendu public par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Une conséquence du déficit de pluies qui affecte le territoire, à l’exception du nord de la France, depuis septembre 2011.

Selon les départements, la pluviosité a été inférieure de 50 à 75 % à la normale. L’année 2011, déjà, a été la plus sèche des cinquante dernières années, avec des arrêtés de restriction dans 78 départements. Après des mois de février et mars dotée d’une pluviosité inférieure de 75 % à la normale de printemps, l’année 2012 s’annonce encore plus préoccupante. Le territoire français souffre d’une sécheresse météo (pas assez de pluie) combinée à une sécheresse agricole (faible humidité des sols) et à une sécheresse hydrologique (nappes souterraines à un niveau très bas). Des arrêtés de restriction d’usage de l’eau sont déjà en vigueur dans l’Essonne, la Seine-et-Marne, le Gard. Plus de la moitié des rivières françaises coulent déjà avec un faible débit estival.

Alors que le premier Comité sécheresse s’était réuni en mai en 2011, il a été convoqué ces jours-ci par le ministre de l’Agriculture. Bruno Le Maire a reçu pour consigne de ne pas alarmer les foules et de rassurer les agriculteurs… Pas question d’annoncer une nouvelle série d’arrêtés restreignant l’irrigation avant la fin de la campagne électorale. La promesse en a été faite au président de la FNSEA, par ailleurs gros céréalier. Ce dernier a d’ailleurs réclamé une extension des droits de forage dans les nappes souterraines et les cours d’eau, plaidant pour une augmentation rapide du nombre des retenues d’eau. Ce qui réduirait encore plus le débit des rivières menacées. À moins d’une situation diluviale avant le mois de juin, l’année risque d’être catastrophique pour l’agriculture et les cours d’eau.

La sécheresse menace également le Portugal et l’Espagne, où les mois de février et de mars ont été les plus secs depuis quatre-vingts ans. L’ouest, le sud et le sud-ouest de la Grande-Bretagne sont victimes d’une pénurie qui touche la Tamise, dont le principal affluent, la Pang, est à sec sur plus de la moitié de son cours. La Thames Water Autority, qui gère la distribution de l’eau dans la région de Londres, a interdit l’arrosage des jardins depuis le 4 avril…

Selon les spécialistes, malgré des « pluies éparses », la situation ne pourra s’améliorer avant des semaines, car elle résulte d’un décalage du régime des précipitations, lié au basculement climatique qui affecte une partie de l’Europe en toutes saisons.

Écologie
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