À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 10 mai 2012
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La vie est souvent plus complexe que ce qu’en disent les journaux. Si bien que, lorsqu’un article expose des réalités inattendues et des contradictions, il sort de l’ordinaire. C’est le cas de celui que Libération a publié le 5 mai en dernière page, sous la plume de Marie-Joëlle Gros . Il est consacré à une femme médecin de 37 ans, Marie-Ève Cauchon-Rault, qui, « à l’heure où l’avortement refait débat dans la campagne, revendique sa pratique de l’IVG » .

Tous les simplismes sont battus en brèche dans cet article. Ainsi de l’expression « avortements de confort » , colportée par qui l’on sait, dont le médecin soutient qu’elle n’a pas de sens. « Avant de penser à dérembourser l’IVG, il faudrait commencer par rembourser complètement la contraception » , explique-t-elle, soulignant aussi la diminution du nombre des gynécologues, qui n’est pas sans conséquences sur la pertinence des décisions médicales.

Mais ce qui rend tout à fait passionnant cet article, c’est la personnalité de celle qui tient ces propos. Marie-Ève Cauchon-Rault a son cabinet de généraliste dans les beaux quartiers de la banlieue ouest de Paris, en même temps qu’elle assure des vacations à l’hôpital Beaujon de Clichy, au public nettement moins huppé.

Née à Dreux dans une famille aisée, dont certains membres ont fait de la politique au centre, elle a placé ses enfants dans une institution religieuse sans pour autant se dire croyante. Marie-Ève Cauchon-Rault est une jeune femme, que la photo montre jolie, bon chic bon genre, qui a voté Bayrou au premier tour, qui ne savait pas encore quel serait son choix pour le deuxième, et qui est persuadée qu’ « avoir un enfant quand on ne l’a pas choisi, le garder contrainte et forcée ou l’abandonner à la naissance parce que l’on ne peut pas l’éduquer, voilà la vraie catastrophe pour une mère, un enfant, une famille entière » . Il n’y a pas meilleur article que celui qui chasse les a priori.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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