À la télé, ça va changer aussi

Arrêt de la fusion RFI-France 24, fin de la nomination par l’Élysée des responsables publics : petit rappel des promesses du candidat Hollande en matière audiovisuelle.

Jean-Claude Renard  • 10 mai 2012 abonné·es

C’était l’un des débats partout engagés dans cette campagne électorale. Où chaque parti avait son avis sur les changements à opérer en matière d’audiovisuel public. À l’exception de Nicolas Sarkozy, tous les candidats avaient avancé un programme de rupture avec la réforme imposée en 2009 par l’Élysée.

À commencer par François Hollande, qui, d’emblée, s’était prononcé sur le mode de désignation des présidents de France Télévisions et de Radio France : « Les responsables des chaînes publiques et de radio seront désignés par une autorité indépendante et non plus par le chef de l’État, a-t-il dit, interrogé en mars par la Société des journalistes de France 2 et France 3, de Radio France, de RFI et de France 24. Cette autorité sera composée de membres désignés par l’Assemblée nationale et le Sénat, après avis conforme de leurs commissions des Affaires culturelles respectives statuant à la majorité des 3/5es. »

Chargée du dossier audiovisuel, Aurélie Filippetti, députée PS de Moselle, y ajoutait la présence de représentants du personnel.
Pour le candidat Hollande, la volonté était de « mettre un terme aux dérives interventionnistes encouragées par le candidat sortant. Il n’appartient pas au président de la République de dicter à une entreprise publique son projet éditorial, ni de s’immiscer dans sa gestion quotidienne ». Nicolas Sarkozy ayant été très présent, sinon décideur, le ­nouveau Président n’aura guère de mal à moins intervenir.

Dans le même esprit, « les dispositifs anticoncentration devraient être durcis, en fixant des plafonds d’audience par groupe ». En matière de missions, précisait Hollande, « elles sont connues : informer, distraire, éduquer et cultiver en s’adressant à tous les publics. “Populaire” et “de qualité” sont deux qualificatifs qui doivent s’appliquer à ces missions. Mais la vraie question, c’est la manière dont ces missions sont déclinées. Plus que jamais, le service public est nécessaire parce qu’il est le seul à lutter contre les tendances du moment : il agrège, alors que la société se désagrège, il fédère autour de valeurs alors que nous souffrons de l’absence de valeurs communes ».

Sur le financement, nerf de la guerre, le programme apparaît bien timide, avec l’évocation d’une indexation de la redevance sur l’inflation et son élargissement aux résidences secondaires (probablement la moitié du montant de celle de la résidence principale). « Des compléments de financement devront être recherchés, notamment dans le développement de nouvelles recettes commerciales ». Des « compléments », certes, mais rien de précis en somme, tandis que la publicité en journée ne sera pas supprimée définitivement.

Côté programmes, le candidat socialiste s’était aussi avancé sur la création d’une chaîne « jeunes et jeunes adultes ». France Télévisions n’ayant pas daigné postuler à l’appel d’offres pour une nouvelle chaîne sur la TNT, il n’y a guère d’autre choix que France 4 pour répondre à ce projet. Parallèlement, favorable à « l’audace créative », François Hollande avait déclaré « qu’il n’y a pas de fatalité à programmer des formats étrangers de jeux et de divertissements ».

Ce qui semble plus attendu, à l’instar d’un retour sur le mode de nomination, c’est une marche arrière sur la fusion de RFI et de France 24. Sur ce dossier, François Hollande s’est montré clair : « La fusion juridique et rédactionnelle de RFI avec la télévision France 24 a été menée à marche forcée par les responsables actuels de l’Audiovisuel extérieur de la France. Instruction sera donnée au président d’AEF de mettre un terme immédiat à la fusion des rédactions, dans l’attente d’une remise à plat du dossier de l’audiovisuel extérieur. » C’est assurément ce qu’attendent au plus tôt les salariés de RFI.

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