Et maintenant, une devinette

Sébastien Fontenelle  • 31 mai 2012 abonné·es

Je vais, si tu permets, te soumettre dans peu d’instants une (très facile) devinette.

Mais d’abord je voudrais, s’il te plaît, que tu te remémores la photofficielle du gouvernement (working class) Ayrault, premier du nom, telle que nous la découvrîmes l’autre semaine dans la presse et les médias.

Qu’y vîmes-nous, zau tout premier rang ? Nous y vîmes le nouveau chef de l’État françousque, ceint de ses plus important(e)s ministres, dont le Premier. Soit, plus précisément : sept hommes blancs (parmi qui se trouvait Manuel Valls, qui a pour ces affaires de pigmentation dermique une inclination toute particulière[^2]), puis trois femmes, blanches itou, puis, enfin, une toute petite femme noire, dont le nom est Taubira, et le prénom Christiane [^3].

Bon.

Et maintenant, donc : la devinette.

Sachant, d’une part, ce que tu sais des incommodantes obsessions de l’entertainer réactionnaire Éric Zemmour, telles que cet oreillu [^4] personnage les exhibe à longueur de temps dans les nombreux médias où des chefferies pétries d’une rare dignité lui allongent, en guise d’émoluments, de fort coquettes sommes, à la seule fin qu’il leur réserve la primeur de ses vomissements quotidiens (ou presque).

Et sachant ce que tu sais, d’autre part, des inclinations profondes de l’UMP de Jean-François Copé, telles qu’elles se sont journalièrement (ou presque) vérifiées dans les cinq années de sarkozat où le constant souci de cette clique maladive fut de déborder par la droite le parti péniste.

Sauras-tu deviner sur qui, parmi ces sept hommes (blancs) et quatre femmes (dont une noire) de gouvernement, l’UMP de Jean-François Copé et l’anticonformiste Éric(onoclaste) Zemmour (qui n’aime rien tant que de poser au dissident quand il a fait pendant cinq ans son magot dans la récitation de phobies régimaires) ont choisi de cracher leur venin ?

Sur Christiane Taubira, en effet : la toute petite femme noire. (Bravo, je vois que tu sais parfaitement ce que sont au fond ces gens-là.)

Et, à mon avis, ça mériterait une méditation un peu (sou)tenue, du style session de zazen du 15 juillet au 31 décembre, et le premier qui décroise les jambes a un gage. Mais là, comme d’hab, j’arrive au bout de mes deux feuillets. En fait, je dépasse déjà de quelques signes [^5]. Alors ce que je te propose, c’est qu’on y réfléchisse et qu’on s’en reparle : bien d’la bise, d’ici là.

[^2]: Puisque, remember that  : il déplora naguère (du temps qu’il n’était que député-maire d’Évry, dans l’Essonne) qu’il y eût, dans certains recoins de certain marché de cette charmante cité balnéaire, beaucoup plus de Blacks qu’il n’était acceptable, et suggéra qu’on glissât dans tout ce noir quelques Blancs, siouplaît (quelques « Whites », comme on dit aux amusantes soirées barbecue du Ku-Klux-Klan) – non, parce que toi je sais pas, mais moi, j’aime bien ne pas trop avoir l’incommodante impression d’être à Bamako, Mali, quand j’achète mon topinambour.

[^3]: Moyennant quoi, l’on nous certifia sur l’honneur que nous avions là une exemplaire parité : nous prendrait-on des fois pour d’incorrigibles con(ne)s, que je n’en serais pas autrement étonné.

[^4]: Oui ? Des remarques ?

[^5]: Ça serait bien si mes deux feuillets étaient cinq, dis-je des fois au chef Sieffert, qui dirige Politis avec une sévérité qui n’est pas sans rappeler les heures les plus noires de l’histoire du Lichtenstein. « Smoke, it’s from Belgium », a-t-il dans ces cas-là coutume de répondre.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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