Les Américains tremblent

Selon des études menées aux États-Unis, la fracturation hydraulique serait à l’origine de nombreux séismes.

Patrick Piro  • 10 mai 2012 abonné·es

Le 18 janvier 2011, le service géologique de l’État d’Oklaoma, aux États-Unis, est interpellé par un habitant qui relate plusieurs petits tremblements de terre la nuit précédente. Une investigation a conclu, en novembre dernier, qu’ils pourraient bien avoir été causés par la fracturation hydraulique, technique d’extraction des gaz et huile de schiste nécessitant l’injection souterraine de milliers de tonnes d’eau sous pression.

Les sismographes locaux ont repéré une cinquantaine de mini-séismes quelques heures après de telles injections. Les magnitudes sont très faibles, de 1 à 2,9 – la sensibilité humaine les détecte à partir du niveau 3 environ. L’an dernier, l’entreprise Cuadrilla Resources, qui pratique la fracturation hydraulique en Angleterre, avait reconnu sa responsabilité dans le déclenchement de deux mini-séismes.

Fin avril, lors du congrès annuel de la Seismological Society of America, un groupe de chercheurs du service géologique fédéral (USGS), mené par l’expérimenté Bill Ellsworth, a montré que le nombre de séismes dépassant la magnitude 3 est passé de 21 à 134 depuis 1970 dans les États du centre du pays – une multiplication par six ! Avec un accroissement brutal à partir de 2009, sans précédent hors situation volcanique, soulignent les géologues. « Il s’agit presque certainement d’une cause humaine », assènent-ils, suggérant le boom de l’extraction des gaz et huile de schiste.

En cause : non pas la fracturation hydraulique elle-même, mais la réinjection sous terre d’énormes quantités d’eau polluée remontant à la surface à la suite de l’opération. Il est établi que ces liquides peuvent « lubrifier » des failles souterraines et favoriser des séismes, avec des magnitudes atteignant fréquemment 4.

En août 2011, on a mesuré 5,3 dans le Sud Colorado – sans dommage cependant. En revanche, l’alarme a sonné pour de bon en novembre dernier à Oklahoma City, avec un séisme de magnitude 5,6, qui a blessé deux personnes et détruit quatorze maisons.

Écologie
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