À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 14 juin 2012
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Revenons sur l’affaire qui oppose Dominique Voynet, la maire de Montreuil, à Stéphane Goudet , le directeur du cinéma le Méliès , dont je parlais ici même la semaine dernière. D’abord pour évoquer l’instrumentalisation douteuse d’une tentative de suicide d’une vacataire, en novembre, que l’on tente de mettre sur le dos de Stéphane Goudet, alors que ladite personne le soutient aujourd’hui comme le reste du personnel, qui a lancé un préavis de grève pour le 15 juin. Ensuite, pour préciser la nature d’un argument formulé par Dominique Voynet à l’encontre du directeur du Méliès (voir le Monde daté du 7 juin). La maire lui reproche sa « programmation élitiste », terme suivi d’une citation de l’édile : « Je n’ose pas dire pour les bobos montreuillois. » Programmation « élitiste »  ?

À lire, par exemple, celle du 30 mai au 3 juillet 2012 (disponible sur le site de la Ville de Montreuil), on constate que sont notamment proposés beaucoup de films grand public de bon aloi ( De rouille et d’os, Moonrise Kingdom, le Grand soir de Kervern et Delépine, ou Adieu Berthe de Podalydès…), des films moins médiatisés ( Avé, Une seconde femme ), ou encore des œuvres en relation avec des manifestations culturelles locales, dont les Nouveaux Chiens de garde dans le cadre du festival Ta Parole (voir page suivante). Les séances, avec une carte de 10 places, sont à 4,60 euros, et à ce prix on peut rencontrer Jacques Audiard ou Bruno Podalydès en personne.

Dominique Voynet n’a sans doute pas conscience de la chance que représente ce cinéma pour un jeune cinéphile issu des milieux populaires. Elle révèle, par son propos, sa déficience, comme beaucoup trop d’élus, en matière de formation à la culture, en particulier au cinéma. Son accusation d’ « élitisme », vieille comme le monde demeuré imperméable à l’ « élitaire pour tous » d’Antoine Vitez, a hélas toutes les allures du populisme. 

Suite en décembre 2012 : Ici .

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes
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