Pierres qui roulent amassent la mousse

Jean-Michel Véry  • 26 juillet 2012 abonné·es

La Telecaster m’en tombe des mains. Il est là, devant moi, au guichet SNCF, se pavanant devant l’employée. Fier comme s’il venait de découvrir l’Amérique ou la machine à fabriquer des sucettes au vin rouge. Avec sa veste Armani, sa Rolex au poignet, ses chaussures Gianni Emporio, ses Police sur le nez. Exhibant, à qui veut bien la voir, sa carte de crédit Société générale siglée du logo stonien à la langue rouge et sensuelle. Les Stones sur une carte bleue ? Non, pas possible, « ils » n’ont pas fait ça ! No way, c’est un fake, un gag, un trompe-couillon. La guichetière, d’abord sceptique, insère la carte à puce dans sa « cash machine » et, au vu du débit validé, se ravise, presque amusée. C’est une vraie carte bancaire. Ma jeunesse, ma culture musicale, mes illusions, ma « rebellitude » s’effondrent. Me voilà livide et désormais schizophrène. Le plus grand groupe de rock du monde, pourfendeur en diable de l’

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Temps de lecture : 5 minutes