Star faces

Chaises musicales et recyclage : les programmes de rentrée ne promettent guère de suprises.

Jean-Claude Renard  • 30 août 2012 abonné·es

Crise économique oblige, le temps n’est plus aux grandes conférences de presse de rentrée, dont les chaînes traditionnelles avaient fait leur marronnier de fin d’été. Seule France Télévisions a maintenu le rituel. Ce qui n’empêche pas les autres chaînes de préparer les grilles de rentrée. Avec leurs ­nouveaux magazines, leurs nouvelles émissions, leurs nouvelles équipes, relevant le plus souvent d’un jeu de chaises musicales. La télévision fait du neuf avec du vieux. Air connu.

Longtemps joker, Gilles Bouleau succède donc à Laurence Ferrari à la tête du 20 heures de TF1 (un JT de plus en plus talonné par celui de France 2), quand Laurence Boccolini reprend du service sur TMC avec les vieilleries désertées par l’audience de TF1 (la ­maison mère).

Indéboulonnable malgré des audiences en berne (« Semaine critique », de septembre à avril 2011), Franz-Olivier Giesbert remet le couvert sur France 3, dont la direction lui confie un grand rendez-vous mensuel en première partie de soirée, « le Monde d’après », à la manière de « la Marche du siècle » de Jean-Marie Cavada. Cette émission projette d’expliquer l’évolution du monde (tâche ardue) à travers une série de reportages et un débat en plateau.

De son côté, Bruce Toussaint, déjà animateur de la matinale d’Europe 1, revient sur France 2 pour un talk-show le vendredi en ­deuxième partie de soirée, « Vous trouvez ça normal ? », qui entend commenter les événements marquants de la semaine écoulée, accompagné « d’une bande joviale de personnalités ». Rien de nouveau.

Sur Canal +, Daphné Bürki, auparavant aux « Maternelles » sur France 5, remplace Ariane Massenet au « Grand journal », partie pour la matinale de la chaîne cryptée. Chemin inverse : miss météo le matin sur Canal, Julia Vignali est promue aux « Maternelles », tandis que Maïtena Biraben se recase sur Canal, le week-end, pour un magazine « tendance ». Sur M6, Faustine Bollaert hérite de « 100% Mag ». Rien de neuf là encore.

Sur le marché des transferts, à l’image du foot (et plus particulièrement à l’image du PSG), acquise à Bolloré par le groupe Canal Plus, et dont l’achat a été validé en juillet par l’autorité de la concurrence, Direct 8, maintenant rebaptisée D8, s’est montrée la plus offensive et dépensière des chaînes de la TNT. En recrutant des stars (en se débarrassant aussi d’un boulet comme Jean-Marc Morandini, réfugié dorénavant sur NRJ 12). Ainsi, Daphné Roulier vient incarner le nouveau 20 heures de la chaîne, tandis qu’Élé Asu, ex-présentatrice du journal de la matinale de Canal depuis 2006, se chargera de la tranche d’infos du midi. Pour le crucial créneau de l’avant 20 heures, D8 a débauché Cyril Hanouna du service public pour animer la même émission qu’il assurait sur France 4, « Touche pas à mon poste ! ». L’amour du maillot s’effaçant devant le chéquier, on notera que les producteurs n’auront même pas pris la peine de changer le nom de l’émission. Sans doute parce que celle-ci, quoique médiocre, attirait son poids de téléspectateurs.

Mais, en cette rentrée, les regards seront sans doute tournés à midi vers le transfert le plus médiatisé, avec l’arrivée sur D8 de Laurence Ferrari aux commandes d’un talk-show féminin quotidien. À ses côtés, une poignée de chroniqueuses. Dont Élisabeth Bost (ex France 2, M6 et LCI) et, plus étonnant, Roselyne Bachelot et Audrey Pulvar, laquelle, depuis son éviction de « On n’est pas couché », de Laurent Ruquier, n’aura donc cessé de rebondir.

Autre recrue de taille annoncée : Frédéric Mitterrand. L’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy présenterait une nouvelle case documentaire programmée à partir de l’automne.

Objectif avoué de D8 : endosser le leadership de la TNT gratuite, voire dépasser, à l’occasion, France 3 et, de-ci de-là, M6. Si Rémy Pflimlin venait à redonner une chance à Cyril Viguier, gageons que l’objectif serait facilement atteint.

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