D8, au bar du Penalty

La chaîne a ouvert son antenne ce dimanche. À grand renfort de pub, et beaucoup de bruit pour rien.

Jean-Claude Renard  • 11 octobre 2012 abonné·es

Jamais une chaîne de la TNT n’avait connu pareille promotion pour son lancement. Même avec une maison mère importante (W9, propriété de M6 ; TMC, filiale de TF1). Difficile d’échapper à la campagne publicitaire de D8 (estimée à 3 millions d’euros). Ni dans le métro, avec des affiches grand format, ni sur les émissions en clair de Canal +, très corporate. Ce dimanche 7 octobre, la chaîne a ouvert ses programmes avec un lancement de 12 minutes, en présence de ses stars et de ses patrons, entre paillettes et cravates, jusqu’au compte à rebours, main sur la manette du top départ. Ça rappelait furieusement La Cinq de Berlusconi, en 1986. Et déjà des airs de la télé de papa.

Fer de lance de D8, un talk-show quotidien présenté par Laurence Ferrari (ex-TF1) à 12 h 15, « Le Grand 8 ». Un titre copié-collé au mag présenté auparavant sur la même chaîne par Valérie Trierweiler (laquelle a finalement renoncé à reprendre l’antenne). Autour de Ferrari, Élisabeth Bost (ex-Mme Jean-Luc Delarue, ex-M6), Hapsatou Sy (chef d’entreprise versée dans le salon de beauté), Audrey Pulvar et Roselyne Bachelot, dont la première gaffe a été de ne pas démentir un salaire mensuel de 20 000 euros pour participer à ce talk-show. De quoi faire jaser, puisque c’est déjà 6 000 euros de plus que le salaire net présidentiel. Mais c’est aussi 5 000 euros de moins que celui d’Ariane Massenet, évoqué la saison passée, pour la quotidienne du « Grand Journal ». Bienvenue dans le monde de la télé. Avec « Le Grand 8 », inauguré ce lundi 8 octobre, non pas en direct mais enregistré, on s’attendait à une causerie féminine au coin du feu. Eh bien, c’est exactement ça. Sans la cheminée. Avec deux coupures pub en 70 minutes. Une causerie digne d’une conversation au bar du Penalty ou d’un salon de coiffure, ricanante et trémoussante : le botox, les sondages d’opinion sur la première dame de France, le manque de crèches, la fiche cuisine annoncée par Bachelot et tout sur la salade César. « J’ai l’impression de ressembler à Catherine Langeais », dit l’ancienne ministre des vaccins. Sait-elle si bien dire ? (Langeais présentait « Art et magie de la cuisine » aux côtés de Raymond Oliver… en 1953.) Philippe Poutou, invité cinq minutes sur le mouvement des Pigeons, dénonce « l’indécence patronale » et se voit rembarrer par Hapsatou Sy, qui forcément, elle, connaît « la vraie vie des chefs d’entreprise », Karl Lagerfeld fait son numéro de claquettes, puis Bachelot se prête à l’essayage de godasses chic, félicitée par Audrey Pulvar pour s’être s’y bien prêtée au jeu. On est loin des interventions pugnaces que menait la journaliste sur France 3. Mais ça, comme dit la pub, « c’était avant ».

Médias
Temps de lecture : 2 minutes