Jean-Vincent Placé : Une alerte désavouée

Les déclarations de Jean-Vincent Placé interrogent sur la stratégie personnelle du numéro deux d’EELV.

Patrick Piro  • 15 novembre 2012 abonné·es

Le petit monde politico-médiatique et les réseaux sociaux ont globalement réagi sur le mode du désaveu, voire de la raillerie, devant la menace brandie par Jean-Vincent Placé d’une sortie du gouvernement : il ne parlerait qu’en son nom propre, il traduirait son amertume de n’être pas ministre, etc. Paradoxalement, ces commentaires contribuent à donner du crédit à ses propos parce qu’ils sonnent faux. Si Jean-Vincent Placé semble avoir donné dans le registre d’un Noël Mamère, la comparaison s’arrête là. Le député-maire de Bègles est coutumier, lui, des critiques en franc-tireur, dans une fonction autodéterminée de vigie qu’EELV et ses partenaires politiques ont appris à circonscrire. Le sénateur Placé, pour sa part, est d’abord un homme d’appareil, numéro deux d’EELV, et un stratège aux émotions calculées. Il a largement contribué au succès de Cécile Duflot et de ses amis depuis quatre ans. Ce qui lui vaut de solides inimitiés dans son propre camp : il serait carriériste, opportuniste.

Certes, il manifeste des ambitions personnelles. Il nous indiquait l’an dernier vouloir désormais rouler pour son propre compte. Cependant, l’animal Placé ne pratique pas la course politique en solo. Par son interrogation sur l’utilité de la place des écologistes au gouvernement, même s’il en atténue aujourd’hui la portée par des contorsions de langage, il signalerait avoir compris avant ses camarades que la ligne jaune, pour EELV, venait d’être pesamment franchie avec l’adoption de ce pacte de compétitivité, anti-écologique par bien des aspects. Une manière d’affirmer son emprise sur les futures manœuvres de son parti.

Politique
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »
La Midinale 17 octobre 2025

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »

Après le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement Lecornu jeudi 17 octobre, Raquel Garrido, ancienne députée et cofondatrice de L’Après, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes
Analyse 16 octobre 2025 abonné·es

À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes

Le premier ministre échappe aux censures. Chez les socialistes, la fronde n’a pas vraiment eu lieu. Et la gauche se retrouve écartelée entre deux pôles. 
Par Lucas Sarafian et June Geffroy
« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »
Politique 15 octobre 2025

« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »

Après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu et l’annonce de la non-censure par le PS, Rémi Lefebvre, politologue, professeur à l’université de Lille et à Sciences Po Lille, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires
Économie 15 octobre 2025 abonné·es

Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires

Lors de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a affirmé avoir entendu le désir, au sein de la population, d’une meilleure justice fiscale reconnaissant même une « anomalie » au sein de la fiscalité des plus fortunés. Sa réponse : une taxe sur les holdings qui ne répondra absolument pas au problème.
Par William Jean et Pierre Jequier-Zalc