« Without » : En manque

Un huis clos entre un vieillard grabataire et une jeune femme déconnectée.

Jean-Claude Renard  • 15 novembre 2012 abonné·es

Une jeune femme débarque sur une île, au sein d’une famille où elle aura quelques jours, seule, la charge d’un vieil homme grabataire. Principale recommandation : ne regarder qu’une seule chaîne de télévision, réservée à la pêche, parmi six cents autres. Pléthore de chaînes, mais pas d’Internet. La jeune femme a beau tourner dans la baraque : foin de réseau. Reste l’âpreté des tâches. Laver le vieillard jusqu’aux parties les plus intimes, le nourrir à la petite cuillère, le désincarcérer du fauteuil roulant pour le coucher. La relation va devenir de plus en plus dérangeante, troublante, cruelle même, à la manière d’une Lolita excitant, martyrisant sa proie. Tandis qu’Internet se refuse toujours.

Il s’agit alors de négocier avec la mémoire de l’iPhone. Cette mémoire qui égrène de petites vidéos, livrant des bribes d’existence de cette femme, sans cesse revenant sur les images de sa compagne l’embrassant. La vidéo ravive le passé, pallie l’absence, rappelle qu’il faudra faire sans. Without. Indiquant aussi que cette femme n’est peut-être pas arrivée par hasard sur cette île aux apparences hostiles. Usant de nombre de gros plans, éclairé par une lumière très crue, Without s’avance dans l’ellipse (sans doute trop d’ellipses), Mark Jackson prenant son temps sur chaque scène, brossant une suite remarquable de tableaux illuminés par la présence intense d’un duo plongé dans un huis clos, Joslyn Jensen et Ronald Carrier.

Cinéma
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