Le rire comme thérapie

Contre la morosité, la rigologie prescrit des doses quotidiennes. Il y a même des clubs pour cela.

Clémence Glon  • 20 décembre 2012 abonné·es

Six femmes en chaussettes, allongées sur des tapis, à la mine épanouie. Dans un gymnase du XIe arrondissement de Paris, Sylvie Larvor anime un club de rire depuis deux ans. Après une heure à jongler entre franche rigolade et relâchement musculaire, Évelyne, la quarantaine, se sent zen. Un peu comme lorsqu’elle sort de ses séances de yoga. Les clubs de rire adoptent d’ailleurs aussi le nom de yoga du rire, une discipline née en Inde en 1995. Moins burlesque, plus thérapeutique. L’Hexagone en compte aujourd’hui entre 300 et 400, soit environ 8 700 personnes qui viendraient se plier en deux sur commande pour lutter contre diverses maladies.

Les blagues font rarement s’esclaffer Évelyne. « Elles sont souvent sexistes et racistes, explique-t-elle. Je préfère rire sans ce côté intellectuel. » Parce que l’humour, construction culturelle et sociale, n’a rien à voir avec le rire physiologique. Les endorphines libérées par le cerveau ont pourtant le même effet. « Le yoga du rire est une technique de gestion du stress, de méditation », avance Corinne Cosseron, fondatrice de l’École internationale du rire et de la rigologie. Durant une heure, les participants à la séance se disent bonjour en souriant et en se regardant dans les yeux, appellent les autres en créant une sorte de fou rire – et il y en a une vaste palette –, jouent à la sorcière qui vole sur son balai. Bref, « c’est totalement ridicule », annonce d’emblée Corinne Cosseron. Et c’est justement cela qui fait du bien. Diverses études prouvent que l’homme a besoin de 10 à 15 minutes de rire par jour pour être heureux.

« C’est incroyable ce que le rire produit sur les nerfs, les cellules, la digestion et la respiration. Beaucoup de maladies dégénératives sont dues à une mauvaise oxygénation », poursuit Corinne Cosseron. Dans le contexte actuel de rigueur, où l’humour noir est bienvenu sur les scènes et les écrans, la rigologie « remet de la gentillesse dans les échanges ». Une argumentation « Bisounours » partagée par l’ensemble des adeptes, qui s’étend aux milieux les plus difficiles. Sylvie Larbor comme Corinne Cosseron ont été contactées pour mettre en place des séances au sein des prisons et d’entreprises où les employés sont particulièrement dépressifs. Parce qu’il n’est pas question de rire de tout, mais bien de rien.

Publié dans le dossier
La crise du rire
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