Parutions de la semaine

Politis  • 20 décembre 2012
Partager :

André Gide, l’inquiéteur Tome II : Le sel de la terre ou l’inquiétude assumée (1919-1951)

Franck Lestringant, Flammarion, « Grandes biographies », 1 528 p., 39 euros

Le 28 mars 1935, André Gide souligne dans son Journal  : « Belle fonction à assumer : celle d’inquiéteur. » C’est sous ce signe de « l’inquiétude » que l’auteur de l’Immoraliste a placé son existence et résumé le rôle de l’intellectuel moderne, si français également, qu’il a quasiment inventé. C’est aussi sous ce signe que Franck Lestringant a situé sa magistrale et imposante biographie de Gide (deux tomes, plus de 3 000 pages !), personnage complexe, anticonformiste, « omniprésent dans le débat public », dénonçant ici les abus de la colonisation, exaltant là puis critiquant le soviétisme stalinien. Après les années d’inquiétude existentielle, de perte de la foi catholique, et la découverte progressive de son homosexualité, sont racontées avec emphase et brio, dans ce second tome, les trente-trois dernières années de la vie de Gide, plus politiques et mouvementées.

Réflexions sur la question gay

Didier Eribon, nouvelle édition revue et corrigée, Flammarion, « Champs essais », 616 p., 11 euros

Quand est paru en 1999, chez Fayard, ce gros livre de Didier Eribon, il était d’abord une tentative – ô combien réussie – de combler l’immense retard français sur les études de genre. Le philosophe rappelle d’ailleurs, dans sa préface à cette nouvelle édition, combien il éprouvait à l’époque « le sentiment très fort de participer à un mouvement international de renouvellement de la pensée ». À l’heure du débat sur le mariage ouvert aux couples de même sexe, la profondeur et le caractère novateur de ses analyses demeurent, soulignant d’abord le rôle de l’injure envers les gays et les lesbiennes, « soutenue par tout l’ordre social et sexuel », et retraçant la lente éclosion, à travers la littérature et les sciences sociales, d’Oscar Wilde à Gide, Proust, Jouhandeau, Foucault et Bourdieu, d’une pensée de la différence et de l’émancipation. Un ouvrage majeur, déjà un classique.

Italie histoire, société, culture

Olivier Doubre, Jean-Claude Renard, La Découverte, 220 p., 15 euros.

C’est une entreprise assez gonflée à laquelle se sont livrés nos amis Olivier Doubre et Jean-Claude Renard, l’un et l’autre amoureux de l’Italie : proposer en 220 pages un ouvrage qui relève de l’encyclopédie, embrassant géographie, histoire (de Romulus à… Berlusconi), arts, économie et culture. Tout y est, de la prégnance de la famille, de l’Église à Cinecittà et à un art culinaire plus varié que ne croit le Parisien, amateur de pizzas. Et, bien sûr, ce « concentré de l’histoire de l’art » que nos auteurs ont un certain mérite à explorer en une synthèse d’une vingtaine de pages. Belle introduction au voyage.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »
Entretien 5 novembre 2025 abonné·es

Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »

Des millions de personnes dans les rues, un pays bloqué pendant plusieurs semaines, par des grèves massives et reconductibles : 1995 a été historique par plusieurs aspects. Trente ans après, la politiste et spécialiste du syndicalisme retrace ce qui a permis cette mobilisation et ses conséquences.
Par Pierre Jequier-Zalc
1995 : le renouveau intellectuel d’une gauche critique
Analyse 5 novembre 2025 abonné·es

1995 : le renouveau intellectuel d’une gauche critique

Le mouvement de 1995 annonce un retour de l’engagement contre la violence néolibérale, renouant avec le mouvement populaire et élaborant de nouvelles problématiques, de l’écologie à la précarité, du travail aux nouvelles formes de solidarité.
Par Olivier Doubre
Roger Martelli : « La gauche doit renouer avec la hardiesse de l’espérance »
Entretien 29 octobre 2025 libéré

Roger Martelli : « La gauche doit renouer avec la hardiesse de l’espérance »

Spécialiste du mouvement ouvrier français et du communisme, l’historien est un fin connaisseur des divisions qui lacèrent les gauches françaises. Il s’émeut du rejet ostracisant qui les frappe aujourd’hui, notamment leur aile la plus radicale, et propose des voies alternatives pour reprendre l’initiative et retrouver l’espoir. Et contrer l’extrême droite.
Par Olivier Doubre
Qui a peur du grand méchant woke ?
Idées 29 octobre 2025 abonné·es

Qui a peur du grand méchant woke ?

Si la droite et l’extrême droite ont toujours été proches, le phénomène nouveau des dernières années est moins la normalisation de l’extrême droite que la diabolisation de la gauche, qui se nourrit d’une crise des institutions.
Par Benjamin Tainturier