Ça ferait une jolie leçon de vie

Sébastien Fontenelle  • 24 janvier 2013 abonné·es

François Chérèque vient d’être chargé par le gouvernement « socialiste » de « surveiller » – en toute indépendance, il va de soi –, depuis le bureau que lui a tout récemment trouvé le gouvernement «socialiste » à l’Inspection générale des affaires sociales [^2], « les avancées » du nouveau plan de lutte contre la pauvreté qu’a présenté l’autre jour le chef du gouvernement « socialiste » – et pour lequel, rappelons, un milliard d’euros a été débloqué par les mêmes qui avaient, juste avant, distribué 20 milliards aux nanti(e)s du patronat [^3].

François Chérèque est le gars, tu sais, qui a big boss é entre 2002 et 2012 la Confédération française démocratique du travail (CFDT) par des procédés sirupeux qui lui ont certes valu d’être des fois traité de « traître » ou de « collabo » par des prolétaires sédimentés dans de préhistoriques préventions de classes (et qui n’avaient par conséquent pas su goûter la justité et la modernesse des [fort pentues] inclinations libérales qui lui valaient d’être, dans le même temps, ovationné par l’éditocratie) – mais qui avaient du moins l’effet de faire jouir à longs traits les chefferies du Medef (d’une part) et du think tank Terra Nova, proche du Parti « socialiste », où l’on a tôt vu qu’il convenait de se défier des travailleurs et de l’absurde entêtement qu’ils mettent à ne pas vouloir entrer de plain-pied dans le nouveau siècle, qui sera flexible ou rien (d’autre part). Moyennant quoi : lorsque son mandat CFDTique a pris fin, Chérèque est devenu, dans un assez rond mouvement, président de Terra Nova – puis, donc, inspecteur général chez l’Igas (où le montant de son émolument ne m’est pas connu, si t’as l’info ich bin preneur), en charge désormais du suivi du plan « socialiste » against la pauvreté.

Et là, tu sais quoi ? Si ça se trouve, il va tomber sur des gens qui arrivaient encore, il y a quelques années, à surnager dans le grand bain de merde criseux : des gens qui avaient un boulot et qui mangeaient (à peu près) à leur faim – et qui ne (se) comptaient pas encore au nombre des huit (et quelques) millions de pauvres de notre cher und vieux pays, jusqu’à ce qu’un jour, leur patron, profitant que des syndiqueux « réformistes » venaient (encore) de passer avec la Parisot un accord scélérat, les lourde (avec une franche poignée de main en guise d’indemnité). Après quoi, leur vie est devenue dégueulasse – comme celles des centaines de milliers de salarié(e) s qui jour après jour se font virer comme des chien(ne)s par des employeurs désinhibés…

Au fond, j’aimerais bien, moi, que François Chérèque s’heurte un de ces matins contre une des victimes de la bénévolence qui lui a valu d’être adulé par les « économistes » de médias : ça ferait une jolie leçon de vie.

[^2]: Lesquelles sont ces temps-ci réduites, comme on sait, à que dalle, ou presque.

[^3]: Vraiment, Gontran, je suis de plus en plus ravi que tu aies voté pour ces tristes crap… pour les « socialistes ».

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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