Mieux vaut en rire !

La Parade, un récit convenu mais plein d’humour d’une tentative de Gay Pride en Serbie.

Lena Bjurström  • 17 janvier 2013 abonné·es

Belgrade, 2009. Lemon, patron d’une boîte de gros bras, amateur de bouledogues et de virilité, se voit contraint d’assurer la sécurité d’une énième tentative de Gay Pride. Ses collègues homophobes rechignant à la tâche, l’ancien mercenaire part à travers l’ex-Yougoslavie retrouver de vieux combattants à même de défendre les militants LGBT contre des centaines de skinheads énervés. À son plus grand déplaisir, il voyage dans la petite voiture rose de Radmilo, qui aime les hommes et la tranquillité. Mélangeant les images poussiéreuses du road-trip et les couleurs tapageuses du drapeau LGBT, Srdjan Dragojevic ambitionne de dénoncer la violente homophobie qui pèse sur son pays en rendant le propos accessible à un large public.

Le résultat donne une comédie cousue de fil blanc qui utilise tous les clichés de l’homosexualité d’une part, et du folklore des Balkans d’autre part, et qui vaut davantage par son sujet que par sa qualité cinématographique. Dans ses images comme dans son scénario, le réalisateur ne surprend en rien. Son œuvre ne prétend ni à la finesse ni à l’innovation, semble-t-il, mais à l’efficacité et à l’humour. De ce point de vue, la « parade » est réussie. Les personnages, chacun symbole d’une certaine identité, ont tous leur part de ridicule, et leur histoire est portée par des dialogues vifs et des situations absurdes. Dérision de grosses ficelles, certes, mais diablement performante. Les stéréotypes agacent un instant, amusent le suivant, et le scénario les use jusqu’à la corde. La Parade est une comédie légère qui alerte sur des sujets qui ne le sont pas. Racisme, corruption policière, homophobie, violence… Pour mémoire, la première tentative de Gay Pride à Belgrade, en 2001, s’est terminée en effusion de sang. En 2010, les 1 000 participants, protégés par 6 500 policiers, n’ont pas été tués, ce qui autorise à considérer cette parade comme « réussie ». Et, pour « raisons de sécurité », celles de 2011 et 2012 ont été interdites. Rappeler cet état de fait est le principal mérite du film de Srdjan Dragojevic, quitte à abuser des poncifs pour mieux divertir, et du rire pour dénoncer.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes