Sans-papiers : « Une solution de désespoir »

Quarante et un sans-papiers sont en grève de la faim à Lille depuis le 2 novembre pour obtenir une régularisation.

Ingrid Merckx  • 10 janvier 2013 abonné·es

Sous un gouvernement de droite, c’était scandaleux. Sous un gouvernement de gauche, c’est insupportable : quarante et une personnes en situation irrégulière en France sont en grève de la faim à Lille depuis le 2 novembre. Trente-cinq hommes et six femmes, d’origines algérienne, marocaine, thaïlandaise, guinéenne, sont postés sous une tente sur le parvis de l’église Saint-Maurice, au centre-ville, pour réclamer la régularisation de 161 sans-papiers lillois. D’après la préfecture, 31 d’entre eux seraient inconnus de ses services, 37 non régularisables, 40 répertoriés comme demandeurs d’asile, 44 régularisables et 9 déjà régularisés.

Martine Aubry, maire socialiste de la ville, affirme qu’elle soutient la cause des sans-papiers, mais désapprouve la grève de la faim. Elle continue de refuser aux grévistes un accès à des toilettes chimiques au motif que cela pourrait prolonger le mouvement. En revanche, elle juge « trop restrictifs » les critères de régularisation du ministère de l’Intérieur. La circulaire publiée par Manuel Valls le 28 novembre accorde un titre de séjour aux sans-papiers en France depuis au moins cinq ans, à condition qu’ils aient un enfant scolarisé sur le territoire depuis au moins trois ans ou qu’ils puissent présenter douze fiches de paie sur les deux dernières années. Des critères impossibles à remplir pour bon nombre, qui restent sur le carreau. À Lille, une délégation devait être reçue par la préfecture le 9 janvier.

« Nous attendons un acte fort du préfet pour que ces jeunes arrêtent leur grève, avec une régularisation. C’est possible, cela s’est fait dans le passé   », a rappelé Mgr Gaillot, venu rendre visite aux grévistes ( la Voix du Nord ). « La grève de la faim est un moyen trop violent pour ceux qui la pratiquent, mais […] c’est une solution de désespoir pour ceux qui sont acculés, méprisés et qui n’arrivent à rien obtenir », souligne dans Libération Annick Batallan, militante de la Ligue des droits de l’homme, aux côtés des sans-papiers depuis 1996. Sur le parvis de l’église Saint-Maurice, une ambulance vient tous les jours pour emmener des grévistes passer quelques heures à l’hôpital.

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