Certes, Berthe

Sébastien Fontenelle  • 7 février 2013 abonné·es

Certes, Berthe : comparaison n’est pas raison. Je n’en disconviens pas du tout. (De la même façon, d’ailleurs, que jamais je n’irai contre l’idée qu’une pierre qui roule n’amasse pas de mousse, ou contre celle, non moins coruscante, qu’après l’hiver le printemps vient – généralement vers le 21 mars.)

Mais reconnais, de ton côté, que nous serions quand même un peu nigaud(e)s – voire complètement con(ne)s – de ne pas voir que : comparaison peut tout de même nous apporter quelques indications relatives aux inclinations (et pulsions) des « socialistes » que t’as mis au régime au printemps dernier, quand t’as voté, rappelle-toi, pour Françoizollande [^2].

Ainsi pouvons-nous relever que, lorsque des représentants des salarié(e)s de Florange [^3] sont venus l’autre jour toquer à l’huis de l’Élysée, à la fin, notamment, de rappeler audit ses promesses de campagne, et en particulier la crâne déclamation mosellane où il avait juré aux métallos du coin qu’il les avait «   compris   » (avant d’ajouter qu’il avait «   a dream   » et qu’il était «   ein Berliner   » ), le mec les a fait recevoir par l’assistant du secrétaire d’un assistant, qui leur a expliqué, en substance, que tout allait bien se passer pour eux – sont-ce pas nous-ce qui avons jadis sauvé vos ami(e)s les prolos de Vilvorde ? –, mais qu’il fallait pas rester là, siouplaît : ici, c’est la présidence de la République, alors raus, les gueux, et ne revenez pas, ou on se montrera moins attentifs à vos jérémiades. Mais quand, juste après, la dénommée Frigide Barjot – la meuf, tu sais, dont l’époux était naguère plume chez Pasqua, et qui s’est, quant à elle, enfin construit ses quinze minutes de gloriole denisotique en hurlant qu’elle voulait pas qu’on laisse convoler les gouines et les pédés – s’en est à son tour venue quémander une audience chez le même chef de l’État [^4] qui n’avait pas trouvé dans son emploi du temps les minutes nécessaires à la réception des gens de chez Arcelor, elle a été reçue dans l’instant – et quand elle est ressortie, elle a juré qu’elle avait, je cite, « ébranlé » Françoizollande [^5].

Et donc, si nous comparons ces deux attitudes : nous découvrons que « l’hôte de l‘Élysée », comme on l’appelle dans la presse comme il faut, met le même zèle à nourrir autour du mariage pour tous un débat « sociétal » qu’à éviter ce(ux) qui pourrai(en)t le confronter de trop près, en des matières plus sociales, à ses reniements et renoncements. Et qu’en cela, du moins, il est bien « socialiste » – puisque ça fait maintenant trois décennies qu’ils nous font le coup : j’ai pas raison ?

[^2]: Comme t’as compris : c’est pas demain que je vais oublier de te le remémorer – parce que bon, je voudrais pas que tu recommences dans quatre ans.

[^3]: On dit comme ça pour aller vite, mais en vrai les mecs bossent plutôt à quelques kilomètres de là, comme me l’a récemment fait remarquer l’ami Pierre : merci, gars.

[^4]: Qui, rappelons, ne peut pas tout, quand il est « socialiste ».

[^5]: Pardonnez-lui, mon Dieu : elle ne sait manifestement pas ce qu’elle dit.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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