Lecture dirigée

Boulin et Grossouvre, deux « suicidés » au sommet de l’État, deux traitements différents.

Jean-Claude Renard  • 7 février 2013 abonné·es

Étrange programmation les lundi 28 et mardi 29 janvier sur France 3. La chaîne diffuse d’abord un documentaire de Gilles Cayatte, Vie et mort de Robert Boulin, additionnant archives et témoignages, avec un parti pris net : la thèse du suicide, au bout d’une dépression. Le lendemain, France 3 diffuse Crime d’État, de Pierre Aknine, une fiction également consacrée à la mort de Boulin, avec une lecture inverse à celle du docu, s’appuyant sur les témoignages familiaux et la contre-enquête solide de Benoît Collombat, journaliste à France Inter, démontrant l’existence de coups et blessures sur la victime, incompatibles avec un suicide par noyade dans cinquante centimères d’eau, et surtout la position trop embarrassante d’un ministre opposé aux magouilles chiraquiennes et au financement illégal d’un parti (le RPR). Deux thèses opposées. On peut appeler ça du pluralisme.

Ce lundi 11 février, dans la même case documentaire, France 3 diffuse Un mort à l’Élysée, de Jean-Louis Pérez, consacré à la mort de François de Grossouvre, conseiller de Mitterrand. Le film revient sur les années d’amitié avant une disgrâce qui aurait fait plonger cet homme de l’ombre influent dans la dépression, jusqu’au suicide. C’est alors la version officielle de l’Élysée. Sur laquelle revient le réalisateur, pointant les erreurs et contrevérités dénoncées par la famille. Des éléments laissant planer des doutes sur le suicide d’un homme qui en savait beaucoup sur les coulisses mitterrandiennes. La case documentaire de France 3 donne ainsi une lecture de l’histoire : à droite, circulez, y a rien à voir ; sur les années Mitterrand, il est temps de rouvrir les dossiers.

Médias
Temps de lecture : 1 minute