Travail en prison : les prud’hommes accordent des droits à une détenue salariée

Marilyn travaillait en prison pour 2 € de l’heure, sa plainte aux prud’hommes vient de trouver une issue inédite.

Politis.fr  • 8 février 2013 abonné·es

Cela pourrait faire l’effet d’une petite révolution dans les prisons françaises : les prud’hommes ont accordé, vendredi 8 février, les droits de salariée à Marilyn M. En détention provisoire à la maison d’arrêt de Versailles, elle a été employée d’août 2010 à avril 2011 sur la plateforme téléphonique MKT Societal. Elle vendait des freebox et de la fibre optique pour environ 2 euros de l’heure. 132 € par mois.

Écartée pour avoir passé un coup de fil personnel, elle s’est battue en justice pour faire reconnaître son licenciement et obtenir le statut de salariée. Elle réclamait notamment 2 358 euros d’arriérés de salaires.

Les prud’hommes lui ont accordé, vendredi 8 février, le paiement d’un préavis de licenciement (521,10 euros), des congés payés afférents (52,10 euros), ainsi que des indemnités pour « inobservation de la procédure de licenciement » (521,03 euros). Elle obtient également plus de 3 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 2 358 euros de rappel de salaire et de congés payés correspondants.

17 500 détenus travaillent

Jusqu’à présent, le droit du travail (smic, congés payés, assurance chômage, indemnité en cas d’arrêt maladie ou accident du travail) ne s’applique pas en prison. La décision des prud’hommes de Paris pourrait donc de faire jurisprudence et changer la donne pour les 17 500 détenus qui travaillent (lire sur francetvinfo.fr).

« C’est un grand jour pour tous les détenus en France et j’appelle les pouvoirs publics à s’emparer très rapidement de cette question du travail en prison », a réagi Me Fabien Arakélian, l’un des avocats de Marilyn, à l’issue du prononcé de la décision.

À lire :

« Le droit du travail rentre en prison » (lepoint.fr)

Une détenue devant les prud’hommes (lemonde.fr)

« C’est un fort sentiment d’exploitation qu’éprouvent les personnes détenues » interview de Marie Crétenot, juriste à l’Observatoire international des prisons (OIP) (lemonde.fr)

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »
Justice 1 juillet 2025 abonné·es

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »

Deux soldats franco-israéliens sont visés par une plainte de plusieurs ONG, déposée ce 1er juillet à Paris, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis à Gaza. Ils sont accusés d’avoir participé à des exécutions sommaires au sein d’une unité baptisée Ghost Unit.
Par Maxime Sirvins
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
Idées 28 juin 2025 abonné·es

Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale

L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef
Médine : « Ça fait des années que je m’attends à ce qu’une balle se loge entre mes omoplates »
Entretien 25 juin 2025 abonné·es

Médine : « Ça fait des années que je m’attends à ce qu’une balle se loge entre mes omoplates »

Le rappeur, visé par le groupe d’extrême droite AFO, se constitue partie civile lors du procès de ses membres. Il explique en exclusivité à Politis la nécessité de riposter sur le terrain judiciaire dans un contexte de montée du racisme et de l’islamophobie.
Par Pauline Migevant